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un mètre cube d’air, à condition que toute l’émanation produite puisse s’échapper. Si l’on admet que la proportion de l’émanation dégagée est d’environ 5 pour 100 pour une épaisseur de sol d’un mètre, on peut expliquer la teneur de l’atmosphère en émanation sur une hauteur de 2km à 3km. On peut remarquer que l’émanation ne se dégage pas seulement de la masse du sol, mais qu’elle se déverse aussi par des fissures et avec les eaux de source ; par ce moyen l’émanation produite dans les couches profondes du sol peut également atteindre l’atmosphère. On voit donc qu’il n’y a aucune difficulté à expliquer la teneur de l’atmosphère en émanation au voisinage du sol par la présence du radium dans la croûte terrestre.


225. Procédés de mesures de l’ionisation de l’air atmosphérique. — Ainsi qu’il résulte de l’étude de la radioactivité de l’atmosphère, du sol et des eaux, l’ionisation de l’air atmosphérique est due à la présence dans l’air des émanations radioactives et de leurs dépôts actifs, et aux radiations pénétrantes provenant du sol. Il est peu probable qu’il existe une ionisation appréciable de l’air indépendante de la radioactivité de l’atmosphère et de la croûte terrestre.

L’étude systématique de l’ionisation de l’atmosphère offre un grand intérêt ; la présence des ions intervient, en effet, dans divers phénomènes météorologiques, tels que l’existence d’un champ électrique à la surface de la terre et les variations de ce champ, et la production des nuages par condensation de la vapeur d’eau sur les centres chargés.

MM. Elster et Geitel[1] observaient l’ionisation de l’air atmosphérique en mesurant la vitesse de décharge d’un cylindre chargé exposé à l’air et relié à un électroscope. Cette méthode très simple fournit des résultats qui varient beaucoup avec les conditions de l’expérience telles que le vent ou la protection du conducteur de déperdition. Une méthode plus précise indiquée par M. Ebert[2] consiste à faire passer un volume d’air connu dans un condensateur cylindrique dont l’électrode centrale est reliée à un électroscope,

  1. Elster et Geitel, Phys. Zeit., 1899.
  2. Ebert, Phys. Zeit., 1901.