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L’appareil de mesures utilisé a reçu chez divers auteurs des formes différentes, tous les modèles étant d’ailleurs analogues ; la figure 26 représente un appareil qui a été établi par MM. Chéneveau et Laborde pour la mesure de l’émanation des eaux minérales. Les nombres du Tableau ont été calculés par M. Laborde d’après ses propres expériences et celles des autres auteurs. Quand la comparaison avec une solution titrée de radium n’avait pas été directement faite, on déduisait cette comparaison de la valeur du courant mesuré, et des dimensions de la chambre d’ionisation.

La nature des gaz qui s’échappent des sources a fait l’objet de recherches spéciales. Ces gaz sont : le gaz carbonique, des traces d’oxygène, l’azote et les gaz rares : hélium, argon, néon. La présence de ces gaz rares dans les gaz émis par les sources a été reconnue et signalée par Lord Raleigh, par M. Ramsay et M. Dewar pour les sources de Bath, par M. Bouchard et M. Troost pour les sources des Pyrénées. M. Moureu[1] a fait une étude des gaz dégagés par les sources de France et a dosé les gaz rares dans leur ensemble ; ces gaz étaient ensuite mis en présence de charbon refroidi dans un bain d’air liquide ; dans ces conditions, l’hélium et une partie du néon restent libres, tandis que les autres gaz sont absorbés. L’argon et l’hélium sont surtout présents ; on trouve beaucoup moins de néon et des traces seulement de crypton. L’hélium est dégagé dans toutes les sources, sans que le débit soit cependant en relation avec la radioactivité de la source. Ainsi la source du Lymbe, à Bourbon-Lancy, dont la radioactivité est très modérée, donne lieu au débit maximum d’hélium, dont la valeur atteint 10 000 litres par an dans 16 000 litres de gaz rares. On peut penser que l’hélium est en ce cas mis en liberté par l’action des eaux thermales sur les minerais de radium traversés par ces eaux. Quant à l’argon et au néon, ces gaz peuvent provenir de l’air atmosphérique.

La découverte des propriétés radioactives des sources a conduit à la supposition que l’action physiologique des eaux thermales pourrait s’expliquer par leur radioactivité. On sait que l’émanation du radium agit sur l’organisme. On a aussi souvent remarqué que certaines eaux thermales auxquelles on attribue des effets physiologiques très marques, ne révèlent aucune composition chimique

  1. Moureu, Comptes rendus, 1904 et 1906.