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phosphorescence. Cette matière a donc les propriétés d’un dépôt actif, et l’on peut en conclure qu’elle provient d’une émanation radioactive. La même expérience faite à l’air libre donne le même résultat. Les nombreux travaux effectués à ce sujet prouvent avec certitude que les substances radioactives sont très répandues dans le sol et leurs émanations dans l’atmosphère. Ces émanations produisent des particules de dépôt actif qui restent en suspension dans l’air et vont se fixer sur les poussières qui y sont contenues ; ces particules peuvent être entraînées par un champ électrique.

Un fil exposé dans l’air et chargé négativement doit acquérir une radioactivité limite, déterminée par un équilibre de régime entre le nombre des particules reçues dans l’unité de temps et le nombre de celles qui éprouvent pendant le même temps la destruction spontanée. Le nombre des particules reçues dans l’unité de temps dépend de la densité de ces particules dans l’air et de leur mobilité.

Il était important de s’assurer si les émanations radioactives contenues dans l’atmosphère étaient des émanations connues ou des émanations nouvelles. Les recherches faites jusqu’ici n’ont encore conduit à la découverte d’aucune émanation nouvelle.

MM. Rutherford et Allan[1], qui ont déterminé les premiers la loi de disparition du dépôt actif obtenu dans l’atmosphère, ont trouvé que la diminution de moitié avait lieu en un temps d’environ 45 minutes, et cela quel que soit le temps d’exposition, la matière du fil et le potentiel utilisé pour l’activation. La radioactivité induite ne semblait donc correspondre à aucune des émanations connues.

MM. Elster et Geitel[2] ont montré toutefois que, pendant les deux premières heures après la fin de l’exposition, la courbe de désactivation se confond avec celle que l’on obtient pour le dépôt actif de l’émanation du radium. M. Allan[3], peu après, a conclu que la radioactivité induite de l’atmosphère est complexe. M. Bumstead[4] a pu expliquer cette complexité en étudiant pen-

  1. Rutherford et Allan, Phil. Mag., 1902.
  2. Elster et Geitel, Phys. Zeit., 1904.
  3. Allan, Phil. Mag., 1904.
  4. Bumstead, Amer. Journ., 1904.