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très lente, dont la destruction demanderait un temps de l’ordre de 100 ans. Quand le dégagement d’émanation du radium dans une salle de mesures est inévitable, il faut, dans la mesure du possible, réaliser aussitôt une aération énergique.

Il est extrêmement utile qu’un laboratoire de radioactivité se compose de deux ou trois parties indépendantes. On peut alors localiser les opérations sur les substances très actives, et réserver des emplacements pour les opérations sur les substances faiblement actives et pour la mesure d’activités faibles. La séparation doit être rigoureuse, et l’on doit prendre de grandes précautions pour éviter le transport des poussières actives et des émanations dans les emplacements qu’on veut protéger.

Malgré toutes les précautions, l’air des salles de physique d’un laboratoire de radioactivité, ou même d’un bâtiment dans lequel il existe un laboratoire de radioactivité, est toujours beaucoup plus conducteur que l’air à l’état normal[1].

On a donc de toute façon avantage à chercher à diminuer l’effet nuisible de la conductibilité de l’air des salles de mesures. Dans les travaux d’électricité statique, on a fréquemment l’habitude d’établir la communication entre les divers appareils par des fils métalliques isolés, protégés par des cylindres métalliques en relation avec le sol qui préservent les fils contre toute influence électrique extérieure. Dans les études sur les corps radioactifs, cette disposition est insuffisante ; l’air étant conducteur, l’isolement entre le fil et le cylindre est mauvais, et la force électromotrice de contact inévitable entre le fil et le cylindre tend à produire un courant à travers l’air et à faire dévier l’électromètre. Il est préférable de mettre tous les fils de communication à l’abri de l’air en les plaçant, par exemple, au milieu de cylindres remplis de paraffine ou d’une autre matière isolante. Il y aurait aussi avantage à faire usage dans ces études, d’électromètres rigoureusement clos. Enfin l’usage de méthodes de zéro pour les mesures est particulièrement avantageux.

  1. C’est ainsi que, dans une salle de physique de l’École de Physique et de Chimie de la Ville de Paris, l’air est actuellement environ 30 fois plus conducteur que l’air normal ; or, cette salle n’a jamais été en relation avec les pièces du même bâtiment dans lesquelles ont été faits, il y a plusieurs années, les traitements de préparation du radium.