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CHAPITRE XVII.

RADIOACTIVITÉ DU SOL ET DE L’ATMOSPHÈRE.




216. Dissémination des poussières radioactives et radioactivité induite du laboratoire. — Par la séparation de radioéléments d’une grande puissance tels que le radium, une grande concentration d’activité dans des traces de matière s’est trouvée réalisée. Ces traces de matière active, déposées sur les objets, les rendent radioactifs ; par les rayons qu’elles émettent elles rendent conducteur l’air dans leur voisinage. Lorsqu’on fait des études sur les substances fortement radioactives, il faut prendre des précautions particulières, si l’on veut pouvoir continuer à faire des mesures délicates. Les divers objets employés dans le laboratoire de chimie, et ceux qui servent pour les expériences de physique, ne tardent pas à être tous radioactifs et à agir sur les plaques photographiques au travers du papier noir. Les poussières, l’air de la pièce, les vêtements sont radioactifs. L’air de la pièce est conducteur, et l’on ne peut plus avoir un appareil bien isolé.

Il y a donc lieu de prendre des précautions particulières pour éviter autant que possible la dissémination des poussières actives, et pour éviter aussi les phénomènes d’activité induite. Les objets employés en chimie ne doivent jamais être emportés dans la salle d’études physiques, et il faut autant que possible éviter de laisser séjourner inutilement dans cette salle les substances actives, quand elles ne sont pas enfermées en tube scellé. Il faut éviter le dégagement d’émanations radioactives dans ces mêmes salles, parce que ces émanations rendent l’air conducteur par elles-mêmes et par le dépôt actif qu’elles forment sur les parois de la pièce et sur les objets qui y sont contenus. L’émanation qui est le plus à craindre est celle du radium, parce qu’elle laisse un dépôt actif à évolution