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Les recherches de M. Debierne avaient montré que l’actinium dégage toujours de petites quantités d’émanation de radium. D’autre part, ce corps est extrait des minerais d’urane, et sa liaison avec l’uranium semble probable. On pouvait donc supposer que l’actinium, dont la vie moyenne est certainement longue, constitue un intermédiaire entre l’uranium et le radium. À la suite d’un travail fait sur la carnotite, M. Boltwood[1] a annoncé qu’effectivement l’actinium donne lieu à la production de radium. Un kilogramme de carnotite était dissous dans l’acide chlorhydrique étendu ; la solution était traitée par l’hydrogène sulfuré et, après la séparation des sulfures, additionnée de sel de thorium et précipitée par l’acide oxalique. Les oxalates obtenus étaient dissous, et dans cette solution on mesurait le débit de l’émanation du radium. Ce débit augmentait régulièrement pendant 193 jours, et l’augmentation observée correspondait à la production de 1,6.10-8 gramme de radium par an.

M. Rutherford[2], examinant la même question, se servait d’actinium préparé par M. Giesel (émanium). Avec 0g,32 de ce produit dont l’activité à masse égale était 250 fois plus grande que celle de l’uranium, il observait une augmentation du débit d’émanation correspondant à la production de 2,9.10-9 gramme de radium par an.

Pour priver la solution du radium qui pouvait y être contenu à l’état de traces, M. Rutherford a précipité l’actinium par le sulfure d’ammonium, et cette opération a été répétée plusieurs fois. La liqueur séparée et précipitée ensuite par l’ammoniaque donnait encore un précipité d’actinium très actif. Le précipité I obtenu par le sulfure d’ammonium et le précipité II obtenu par l’ammoniaque étaient redissous et examinés séparément pendant 250 jours. Dans la portion I, d’activité 9900, on constatait un accroissement du débit d’émanation correspondant à la production de 2,55.10-9 gramme de radium par an. Dans la portion II, d’activité 6000, on ne constatait aucune production de radium. Puisque les activités des deux portions étaient dues à l’actinium et étaient du même ordre, ce résultat ne pouvait s’expliquer qu’en admet-

  1. Boltwood, Phys. Zeit., 1906.
  2. Rutherford, Phil. Mag., 1907.