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composition à des époques moins éloignées de nous. On peut donc espérer obtenir des résultats concluants surtout avec les minéraux inaltérés (minéraux primaires), ou tout au moins avec ceux dont la composition n’a pu être profondément modifiée.

M. Mc Coy, examinant l’activité des minerais d’urane par la mesure de l’intensité du rayonnement de couches très minces (§ 164), a trouvé que l’activité de ces minéraux par gramme d’uranium est la même pour différents minéraux et 4,54 fois plus grande que l’activité d’un gramme d’uranium dans les sels de ce métal. Les minéraux examinés étaient des pechblendes, une gummite et une carnotite.

Si l’activité d’un minerai d’urane était proportionnelle à la teneur en uranium, il devrait en être de même pour les quantités des substances radioactives auxquelles est dû l’excès d’activité ; ces substances sont surtout le radium et ses dérivés.

M. Boltwood[1] et M. Strutt ont évalué la teneur des minéraux en radium par la mesure du débit de l’émanation du radium. Dans les expériences de M. Boltwood, une certaine quantité de minerai était finement pulvérisée (0g,5 à 1g,5), et l’on mesurait d’abord la quantité d’émanation qui pouvait en être extraite par un courant d’air après un temps d’accumulation de plus d’un mois. Ensuite le minerai était attaqué en vase clos par un réactif convenable, soit par l’acide azotique ou chlorhydrique, soit par l’acide sulfurique concentré à chaud ; les gaz dégagés pendant l’attaque étaient recueillis et l’émanation qui y était contenue était mesurée. La somme des quantités d’émanation recueillies avec le minerai avant et pendant la décomposition représente la quantité d’émanation totale qui est en équilibre avec le radium contenu dans le minerai. La méthode suppose que, lors de la décomposition du minerai, l’émanation occluse est complètement expulsée ; ce point demanderait une vérification précise.

L’uranium était dosé à l’état de pyrophosphate. La teneur en uranium des minéraux étudiés variait de 75 à 0,3 pour 100.

Voici le Tableau qui contient les résultats obtenus ; on a désigné par la quantité d’émanation contenue dans un gramme de minerai en équilibre, par la proportion d’émanation qui s’échappe du

  1. Boltwood, Phil. Mag., 1905.