Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 2.djvu/400

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’uranium ; en particulier du thorium extrait de la gadolinite se serait montré à peu près inactif. MM. Baskerville et Zerban[1] ont aussi extrait du thorium inactif d’un certain minéral brésilien. Ces résultats demandent confirmation et ne sont pas en accord avec d’autres recherches sur l’activité du thorium dans ses minerais (Dadourian, Boltwood). Nous verrons dans la suite que le thorium est toujours accompagné de substances qui dérivent de lui et dont la vie moyenne est longue. La présence de ces substances vient compliquer l’étude de la radioactivité propre du thorium.


193. Thorium X. — En précipitant par l’ammoniaque une solution de sel de thorium, on sépare de ce corps une substance active qui reste dans la solution ammoniacale et qui a reçu le nom de thorium X. Un mois après sa préparation le thorium X a pratiquement perdu son activité, tandis que le thorium a repris son activité normale (§ 55).

L’activité du thorium X après la préparation commence par augmenter ; elle passe par un maximum qui est atteint en 1 jour environ, ensuite elle décroît ; 2 jours environ à partir du début, la loi de décroissance devient une exponentielle simple avec décroissance de moitié en un temps voisin de 3,6 jours.

En employant à plusieurs reprises la précipitation par l’ammoniaque, on peut extraire tout le thorium X qui est contenu dans le sel de thorium. L’activité du thorium qui a ainsi été privé de thorium X par quelques opérations effectuées aussi rapidement que possible, commence par décroître, passe par un minimum après un jour et augmente ensuite de manière à reprendre en un mois la valeur normale. L’excès de l’activité limite sur une activité minimum qui serait d’environ 25 pour 100 de l’activité limite, décroît suivant une loi exponentielle avec diminution de moitié en 3,6 jours environ, mais cette loi ne s’applique que pour des temps supérieurs à 2 jours. Les lois d’évolution de l’activité du thorium X et du thorium en fonction du temps sont respectivement représentées par les courbes I et II dans la figure 172.

MM. Rutherford et Soddy[2] ont prouvé que le thorium X est

  1. Baskerville et Zerban, Amer. chem. Soc., 1907.
  2. Rutherford et Soddy, Phil. Mag., 1902.