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sont aussi proportionnels aux vies moyennes. Ces considérations permettent de se rendre compte des difficultés qu’on peut rencontrer en essayant d’isoler les diverses substances. Ainsi la proportion de radium D dans le minerai serait plus de 140 fois plus petite, et la proportion de polonium 4500 fois plus petite que la proportion de radium. On comprend en ce cas combien il est difficile d’isoler le polonium. Par contre on peut admettre que l’activité du polonium par atome détruit est comparable à celle du radium au minimum d’activité également par atome détruit ; c’est ce qui aura lieu si la destruction de chaque atome entraîne l’expulsion d’une seule particule donc, à poids égal, le polonium aurait une activité 4500 fois plus grande que celle du radium au minimum d’activité, et environ 1000 fois plus grande que celle du radium en équilibre radioactif un mois après la préparation,


189. Émission totale d’énergie par le radium. — La quantité de chaleur qui est dégagée par un gramme de radium est égale à 118cal par heure ou 1,034.106 calories par an. Si la vie moyenne du radium est 2 540 ans, un gramme de radium pourra dégager pendant toute sa vie une quantité de chaleur égale à 1,03.106 × 2540, soit 2,6.109 calories. La quantité de chaleur qui correspond à la formation d’un gramme d’eau est égale à 4.103 calories environ. Le rapport des quantités d’énergie mises en jeu est donc de l’ordre 106, pour deux transformations effectuées sur des masses égales de matière, mais dont la première est une transformation atomique et la seconde une transformation moléculaire. Nous voyons donc par là que les quantités d’énergie qui interviennent dans la formation et dans la destruction des atomes sont considérables par rapport à celles qui interviennent dans la formation des molécules, et c’est ce qui explique la stabilité relative des atomes par rapport à nos moyens d’action, stabilité qui forme la base de la Chimie.

Il est probable que la destruction d’un atome radioactif quelconque met en liberté une quantité de chaleur du même ordre que celle dégagée lors de la destruction d’un atome de radium, la faiblesse du débit de chaleur par gramme de corps faiblement radioactifs résultant uniquement de la lenteur de leur destruction.