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la loi

          avec          


cette loi s’interprète en admettant que la matière qui donne lieu à l’émission de rayons se forme avec un débit constant et qu’elle se détruit de moitié en 6 jours environ.

En chauffant la lame active, M. Rutherford a trouvé qu’au-dessus de 1000° la matière qui fournit les rayons est volatilisée tandis que la matière qui émet les rayons ne se volatilise que plus difficilement. Toutefois, après une chauffe à 1000°, l’intensité du rayonnement n’est plus constante, mais décroît de moitié en 4,5 jours. On en conclut que la matière qui produit les rayons est elle-même produite par une autre matière qui se volatilise au-dessous de 1000° et qui évolue très lentement.

Les trois matières ont été désignées par les lettres D, E et F, le radium D étant la substance dont la vie moyenne est très longue et qui produit le radium E, source des rayons le radium F est la matière qui émet les rayons

M. Rutherford a montré qu’en traitant une lame de platine, qui porte la radioactivité résiduelle, par une solution étendue d’acide sulfurique, on dissout l’activité, laquelle peut ensuite être concentrée par évaporation. Si dans une solution du dépôt actif on plonge une plaque de bismuth, on obtient sur celle-ci un dépôt de matière F seulement, et l’on constate que cette matière décroît de moitié en 143 jours. La matière F est produite directement par la matière E ; si, en effet, on a chassé par la chauffe le radium D et le radium F d’une plaque activée, le rayonnement de cette plaque, d’abord nul, se manifeste à nouveau en même temps qu’a lieu la décroissance du rayonnement On peut donc admettre que les matières D, E et F sont consécutives.

M. Rutherford a émis la supposition que ces matières doivent se trouver accumulées dans les minéraux qui contiennent du radium, et il a cherché à les identifier avec les substances radioactives connues. En particulier, il a constaté que la loi de décroissance du radium F rapproche cette substance du polonium. De plus, on savait que l’activité du plomb extrait de la pechblende semble constante, et qu’elle est due à un rayonnement qui semble de même nature que celui du polonium. M. Rutherford en a conclu