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les particules émises lors de la formation de ces atomes ont des parcours assez voisins. En admettant qu’au moment de la projection les quantités de mouvement initiales de la particule et de l’atome radioactif projeté sont égales, et en attribuant aux atomes A et B une masse atomique d’environ 200, on trouve que la vitesse de projection est environ 50 fois plus petite que celle de la particule et qu’elle est, par conséquent, de l’ordre de 107

Des expériences faites avec une lame activée sur laquelle il n’y a plus de radium A indiquent qu’une très faible quantité de radium C peut aussi être recueillie sur le disque chargé négativement. Il est donc possible que les atomes de radium C soient aussi chargés positivement lors de leur formation. Mais si les atomes ne sont pas projetés en dehors de la lame activée à une distance suffisante, ils sont immédiatement réabsorbés par celle-ci en vertu de la diffusion, et ne peuvent être entraînés par le champ. C’est ce qui arrive probablement dans le cas actuel ; le radium B n’émettant que des rayons le mouvement de recul de la partie restante de l’atome est beaucoup moins important que lors de l’expulsion d’une particule dont l’énergie cinétique dépasse, en général, de beaucoup celle d’une particule

On observe dans certains cas qu’une lame activée, sur laquelle le radium A n’existe plus, peut néanmoins donner lieu non seulement à une projection de radium C, mais aussi à une projection de radium B. Ce fait a été interprété par MM. Makower et Russ comme un arrachement de radium B par les atomes réellement projetés en vertu du phénomène de recul (atomes C ou plutôt atomes D qui dérivent des atomes C et dont la projection est plus violente que celle de ces derniers, puisqu’elle accompagne l’émission d’une particule de grande vitesse). Il n’est cependant pas possible d’assigner au dépôt actif une épaisseur uniforme comportant plusieurs couches de molécules ; on serait donc conduit à admettre que ce dépôt est disposé sur la lame en amas ou grains séparés.

On peut se demander si les atomes radioactifs projetés se comportent comme des rayons doués de pouvoir ionisant. Une telle supposition paraît naturelle, par analogie avec ce qui a lieu pour les rayons positifs des ampoules à vide. En étudiant, sous faible pression, l’ionisation produite par une lame activée, M. Wer-