Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 2.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rayons conduit à considérer ces derniers comme des particules chargées négativement et projetées par la substance radioactive avec une très grande vitesse. Quand une telle particule est émise normalement à la direction d’un champ magnétique uniforme, elle doit décrire, dans un plan normal au champ et passant par sa vitesse initiale, une trajectoire circulaire de rayon tel qu’on ait la relation


étant la masse de la particule, sa charge électrique, sa vitesse initiale et la valeur du champ (voir § 15). Si l’on ne considère que les rayons normaux à la plaque, ces rayons doivent donc décrire dans le plan de la figure des cercles qui coupent la plaque à angle droit.

H. Becquerel a montré que l’impression est constituée par une large bande diffuse, véritable spectre continu, montrant que le faisceau de rayons déviables émis par la source se compose de radiations inégalement déviables. Si l’on recouvre la gélatine de la plaque de divers écrans absorbants (papier, verre, métaux), une portion du spectre se trouve supprimée, et l’on constate que les rayons les plus déviés par le champ magnétique, autrement dit, ceux qui donnent la plus petite valeur du rayon de la trajectoire circulaire, sont le plus fortement absorbés. Pour chaque écran l’impression sur la plaque ne commence qu’à une certaine distance de la source radiante, cette distance étant d’autant plus grande que l’écran est plus absorbant. La figure 3 (PL III) représente une photographie obtenue avec des écrans de papier, d’aluminium et de platine posés sur la plaque. On obtient des résultats analogues en recouvrant la cuve d’écrans d’épaisseur variable. Ces expériences montrent clairement que les rayons les plus pénétrants sont ceux qui sont le moins déviés par le champ, et dont la trajectoire a le plus grand rayon de courbure. Ces rayons, d’après la théorie, sont ceux dont la vitesse est la plus grande.

On peut déterminer approximativement, pour un écran donné, la limite de l’impression du côté de la source. Cette limite correspond aux rayons les plus absorbables parmi tous ceux qui peuvent traverser l’écran considéré. La distance de la limite de l’impression à la source représente pour ces rayons le double du rayon de cour-