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qui s’établissait dans ces conditions. Comme les différences de température étaient très faibles, on les considérait comme proportionnelles aux débits de chaleur. Le récipient dans lequel se trouvait le vase isolateur était étanche, et la pression y était réduite à 0mm,4 de mercure. La masse d’oxyde n’était pas partout à la même température, la région centrale était plus chaude. L’excès de température observé était 3,4.10-3 degré, et le débit de chaleur était évalué à 9,6.10-6 calorie par gramme d’oxyde et par heure. Ce nombre est de l’ordre de grandeur prévu ; toutefois l’oxyde considéré n’était pas dans un état d’équilibre radioactif, et son activité n’était que 46 pour 100 de celle de l’oxyde à l’état d’équilibre dans les minéraux de thorium. On peut juger, d’après cela, qu’avec de l’oxyde en équilibre radioactif, on aurait obtenu un débit de chaleur de 2,1.10-5 calorie par heure et par gramme.

Pour mettre en évidence des débits de chaleur faibles provenant de sources de chaleur de petites dimensions, M. Duane[1] a utilisé un calorimètre très sensible, au moyen duquel on peut constater avec certitude la production de de gramme-calorie à l’heure, la durée de l’expérience n’étant que de quelques minutes. La méthode est basée sur l’augmentation rapide de la tension de vapeur d’un liquide très volatil lors d’un accroissement de température. Deux récipients de verre A et A’ (fig. 155) sont réunis par un tube capillaire B. La moitié du volume des récipients est remplie d’éther sulfurique ; l’air étant presque complètement retiré de l’appareil, celui-ci est ensuite scellé à la flamme. On peut arriver à placer une petite bulle d’air de longueur convenable dans le tube B et l’on observe le déplacement de cette bulle avec une lunette ou avec une lentille et une échelle. Si l’on introduit dans le tube D une substance S qui dégage de la chaleur, la tension de vapeur dans le récipient A augmente, et la bulle d’air est poussée vers le récipient A’. Le déplacement de la bulle dû à une petite quantité de chaleur est très grand, de sorte que l’appareil est très sensible. Pour protéger ce calorimètre contre les variations de la température extérieure, on le plaçait à l’intérieur d’un bloc de plomb E dont il était isolé en bas par un support

  1. Duane, Comptes rendus, 1909.