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Quant aux débits de chaleur, à vitesse d’émission égale des particules ils seraient entre eux comme les inverses des vies moyennes et comme les nombres des particules émises par unité de temps par gramme de matière. Mais si la destruction d’un atome entraîne l’expulsion de plusieurs particules comme dans le cas du radium, alors les débits de chaleur restent approximativement proportionnels aux activités totales mesurées par les rayons mais ce sont les quotients des débits de chaleur par les nombres des particules provenant de l’atome qui sont entre eux comme les inverses des vies moyennes, à vitesse égale des particules émises.

Le dégagement d’énergie totale pour une matière radioactive qui n’émet que des rayons est probablement une petite fraction du dégagement d’énergie totale fourni à masse égale par une matière émettant des rayons


163. Effet calorifique du thorium, du polonium. — On peut, d’après ce qui précède, se rendre compte a priori de l’ordre du débit de chaleur qu’on doit prévoir pour le thorium ou l’uranium.

L’activité du radium est à celle de l’uranium dans le rapport d’environ 7,3.l06 (Boltwood) ; le dégagement de chaleur d’un gramme d’uranium doit donc être de l’ordre de 1,6.10-5 calorie à l’heure ; pour un gramme de thorium on trouverait un ordre de grandeur analogue. Pour mettre en évidence un dégagement de chaleur aussi faible, il est nécessaire d’employer une quantité de matière importante.

En opérant avec 4kg d’oxyde de thorium, MM. Pegram et Webb[1] ont réussi à mettre en évidence un excès de température de cet oxyde sur le milieu ambiant. La matière active était contenue dans un vase isolateur à vide de 5 litres de volume, suspendu dans un cylindre métallique plongeant dans un bain de glace fondante. On mesurait la différence de température entre l’oxyde de thorium et le bain de glace au moyen d’un couple thermo-électrique. On produisait ensuite au sein de l’oxyde un dégagement de chaleur constant au moyen d’un fil dans lequel circulait un courant électrique, et l’on déterminait la valeur de l’excès de température

  1. Pegram et Webb, Science, 1904 ; Le Radium, 1908.