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celui-ci une zone lumineuse qui commence à une certaine distance du tube et s’étend sur une certaine largeur en se dégradant. Lors du renversement du champ, la luminosité apparaît de l’autre côté de la source.


104. Pouvoir pénétrant du rayonnement des corps radioactifs. — Dès le début des recherches sur les corps radioactifs, on s’est préoccupé de l’absorption produite par divers écrans sur les rayons émis par ces substances. Ces études ont contribué à établir la nature complexe du rayonnement, indépendamment de la méthode basée sur l’emploi du champ magnétique. C’est ainsi que, dans mon premier travail sur les rayons du thorium, j’ai déjà indiqué la pénétration relative des rayons uraniques et des rayons thoriques[1]. M. Rutherford a étudié plus spécialement la radiation uranique[2] et a prouvé qu’elle est hétérogène et se compose de deux types de rayons. M. Owens a conclu de même pour les rayons thoriques[3]. Quand vint ensuite la découverte des substances fortement radioactives, le pouvoir pénétrant de leurs rayons fut aussitôt étudié par divers physiciens (Becquerel, Meyer et von Schweidler, Curie, Rutherford). Les premières observations mirent en évidence l’hétérogénéité du rayonnement qui semblait être un phénomène général et commun aux substances radioactives[4] ; on se trouvait là en présence de sources qui émettent un ensemble de radiations, dont chacune a un pouvoir pénétrant qui lui est propre. La question se complique encore par ce fait, qu’il y a lieu de rechercher en quelle mesure la nature de la radiation peut se trouver modifiée par le passage au travers de la matière.

Le pouvoir pénétrant de chaque groupe de rayons sera examiné séparément dans la suite de ce Chapitre. On peut cependant indiquer quelques résultats approchés qui donnent une idée de l’absorption relative de l’ensemble des rayons pour différentes substances radioactives. Ces résultats n’ont pas de signification simple, mais ils peuvent avoir une utilité pratique.

  1. M. Curie, Comptes rendus, 1898.
  2. Rutherford, Phil. Mag., 1899.
  3. Owens, Phil. Mag., 1899.
  4. M. et Mme Curie, Rapports au Congrès, 1900.