Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 2.djvu/287

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’expérience avec l’hydrogène offre la plus grande sensibilité. À défaut d’hydrogène ou d’oxygène pur on peut employer l’air liquide ayant longtemps bouilli, et dont la température est -185°.

Certaines causes d’erreur peuvent intervenir : des gouttelettes liquides entraînées peuvent se vaporiser dans l’éprouvette et augmenter le volume du gaz mesuré ; ou, au contraire, il peut y avoir condensation de gaz dans le calorimètre A, si la température du liquide intérieur est plus élevée que celle du liquide extérieur.

Des expériences faites avec 0g,42 de bromure de radium ont donné les résultats suivants :

                                                                 Calories
à l’heure.
Calorimètre à oxygène liquide 
22,8 (Curie et Dewar)
Calorimètre à hydrogène liquide 
31,6 (Cu»ie et De»
Calorimètre à glace 
24,1 (Curie et Laborde)


Le nombre élevé fourni par le calorimètre à hydrogène a été attribué à un effet d’entraînement de gouttelettes, le calorimètre ayant eu des dimensions trop petites. Les nombres obtenus pour les calorimètres à glace et à oxygène sont de 98cal et 93cal par gramme de radium et par heure.

On pouvait conclure de l’ensemble de ces expériences que la quantité de chaleur dégagée par gramme de radium et par heure est voisine de 100cal. D’après cela un gramme de radium dégage pendant chaque heure une quantité de chaleur supérieure à celle qui est nécessaire pour fondre son poids de glace. Un atome-gramme de radium (226g) dégage en une heure une quantité de chaleur comparable à celle qui est produite par la combustion d’un atome-gramme d’hydrogène. P. Curie a fait remarquer qu’un débit de chaleur aussi considérable ne saurait être expliqué par aucune réaction chimique ordinaire, et cela d’autant plus que l’état du radium semble rester le même pendant des années. On peut plutôt attribuer le dégagement de chaleur à une transformation de l’atome de radium lui-même, transformation nécessairement très lente, et l’on a ainsi une raison expérimentale pour penser que les quantités d’énergie mises en jeu dans la formation et dans la transformation des atomes sont considérables et dépassent tout ce qui nous est connu.