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porté à une température voisine de celle de la volatilisation. On a constaté qu’après 35 jours on ne pouvait encore apercevoir les raies de l’hélium dans le spectre du résidu gazeux provenant de la solution de thorium, mais après 203 jours on observait dans ce spectre la présence de la raie jaune de l’hélium avec les raies très fortes de l’argon. La production d’hélium par le thorium était évaluée comme étant de l’ordre de 2.10-12 gramme d’hélium par gramme de thorium et par an. En employant 1850g d’uranium (4kg de nitrate d’urane), M. Soddy a trouvé que l’hélium peut être observé après 27 jours mais non après 12 jours d’accumulation ; la production était évaluée d’après cela à 2.10-12 gramme d’hélium par gramme d’uranium et par an. Les nombres trouvés sont du même ordre que le nombre prévu qui est égal à 5,3.10-12 gramme d’hélium par gramme d’uranium et par an.

La production d’hélium par des atomes radioactifs variés prouve que l’atome d’hélium est probablement l’un des constituants fréquents des atomes plus complexes, l’un des éléments qui entrent dans la constitution des édifices atomiques. On peut d’ailleurs remarquer que la différence de 4 unités se rencontre fréquemment entre deux poids atomiques.

La destruction de l’atome de radium est accompagnée de l’émission de 4 faisceaux de particules qui contiennent probablement le même nombre de particules. Ces 4 faisceaux correspondent aux 4 transformations atomiques successives de l’atome de radium en atome d’émanation, de radium A et de radium C. La série de ces transformations rapides est suivie de la formation de polonium qui émet aussi des particules et qui en se détruisant ne laisse aucun résidu actif. Il est donc possible que la série des transformations du radium s’arrête à une matière inactive qui résulte du polonium. Si l’on admet que la destruction de chacun des atomes intermédiaires comporte l’émission d’une seule particule et qu’aucun autre fragment d’atome n’est détaché, alors la différence entre les poids atomiques du radium et de l’atome résultant est égale à  ; cet atome aurait donc un poids égal à M. Rutherford a supposé que l’atome résultant pourrait être le plomb, dont la présence dans les minéraux radioactifs peut toujours être constatée.

Le poids atomique de l’uranium est 239 ; on verra plus loin que,