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observée pour les solutions de radium, ne se soit pas montrée la même dans tous les cas. En effet, cette production doit dépendre de la manière dont les rayons sont utilisés, elle dépend donc du dispositif expérimental employé. D’ailleurs, les gaz naissants peuvent être soit utilisés pour des réactions chimiques, soit partiellement recombinés, soit occlus dans le liquide à l’état de dissolution sursaturée ; pour obtenir leur dégagement il est bon de faire bouillir le liquide, mais cette opération peut paraître dangereuse. Enfin il est possible que, même avec une absorption totale du rayonnement dans l’eau, l’énergie du rayonnement ne serait pas complètement utilisée pour la décomposition de celle-ci.

La décomposition de l’eau par l’action du polonium a été constatée par M. Curie et M. Debierne[1] ; la décomposition, doit être attribuée en ce cas, à l’action des rayons seulement.

Il n’est plus douteux que par l’action du radium on peut réaliser des réactions chimiques de nature diverse. On peut notamment utiliser l’émanation du radium, ce qui dispense de faire intervenir les propriétés chimiques des sels de radium. Des expériences à ce sujet ont été faites par MM. Ramsay et Cameron[2] ; les effets suivants ont été observés :

Décomposition du gaz carbonique en carbone, oxygène et oxyde de carbone. Décomposition de l’oxyde de carbone en carbone et oxygène avec formation de gaz carbonique. Décomposition du gaz ammoniac en azote et hydrogène, limitée par la réaction inverse. Décomposition de l’acide chlorhydrique en chlore et hydrogène ; nous avons vu que la réaction inverse se produit par l’action des rayons pénétrants. La décomposition de la vapeur d’eau à 130o sous l’action de l’émanation n’a pu être observée.

D’après MM. Ramsay et Cameron, la vitesse de réaction est proportionnelle à la quantité d’émanation présente, et diminue avec celle-ci en fonction du temps.

L’émanation du radium produit en présence de l’air des effets oxydants énergiques ; le mercure est attaqué, et sa surface est rapidement ternie ; il en est de même du cuivre. Les matières organiques sont oxydées. Les gaz extraits des solutions de sel de

  1. M. Curie et A. Debierne, Comptes rendus, 1910
  2. Ramsay et Cameron, Proc. Chem. Soc., 1907.