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du radium est suffisante pour donner lieu à la décomposition de l’eau, l’effet étant cependant beaucoup plus lent que celui qui est obtenu par l’action du radium en solution. L’expérience était réalisée de la manière suivante :

Une ampoule de verre scellée, contenant une quantité importante de chlorure de radium pur, était placée dans un tube de verre plongeant dans de l’eau distillée (fig. 147) ; celle-ci était contenue dans un récipient de verre communiquant avec un manomètre à mercure. Les rayons agissant sur l’eau avaient déjà traversé le verre de l’ampoule et le verre du tube, soit une épaisseur totale d’environ 0mm,5. L’épaisseur d’eau autour du tube était de 1cm,2. Pour faire une expérience, on commençait par éliminer complètement l’air du récipient contenant l’eau, puis on plaçait l’ampoule à radium, et l’on observait la pression indiquée par le manomètre à des intervalles de temps déterminés. L’augmentation de pression était parfaitement régulière et presque exactement proportionnelle au temps. Dans une expérience ayant duré plusieurs mois, on a pu cependant observer vers la fin une légère diminution progressive du débit. Le dégagement s’arrêtait complètement lorsqu’on retirait l’ampoule à radium. Le gaz obtenu, mis en présence de cuivre et d’oxyde de cuivre chauffés et d’anhydride phosphorique, était complètement absorbé.

Le débit a été en moyenne de 0cm3,115 par jour et par gramme de radium, soit un peu moins de 1 pour 100 de celui de la solution de chlorure de radium. Si tout l’appareil est entouré d’une gaine de plomb de plusieurs centimètres d’épaisseur, le débit est un peu augmenté et l’augmentation est d’environ 5 pour 100. Cette augmentation du débit doit être attribuée à l’action des rayons secondaires émis par le plomb. La très légère diminution du débit qui se produit au bout d’un certain temps peut être attribuée à une absorption du gaz par des produits secondaires formés dans l’eau, ou à une petite recombinaison du mélange gazeux sous l’influence des rayons du radium.

Dans cette expérience, l’énergie nécessaire ne peut être empruntée qu’au rayonnement absorbé par l’eau. Cette énergie représente approximativement la dix-millième partie de l’énergie totale émise par le radium. Cependant comme les rayons sont