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P. Curie a étudié sur l’amylène et sur l’éther de pétrole l’action des rayons aux températures de +10° et de -17°. La conductivité due au rayonnement diminue de seulement de sa valeur, quand on passe de 10° à -17°. Dans les expériences où l’on fait varier la température du liquide on peut, soit maintenir le radium à la température ambiante, soit le porter à la même température que le liquide ; on obtient le même résultat dans les deux cas. Cela tient à ce que le rayonnement du radium conserve la même valeur à la température ordinaire et à la température de l’air liquide.

La découverte de cette action des rayons sur les liquides isolants a une grande importance au point de vue de la théorie de l’ionisation ; elle prouve que les rayons qui ionisent les gaz peuvent aussi communiquer aux liquides une conductibilité qui consiste, selon toute vraisemblance, dans une ionisation de ces liquides. Les différences observées dans la nature du phénomène proviennent de ce fait que les ions dans les liquides doivent être beaucoup moins mobiles que les ions créés dans les gaz.

L’étude de l’action des rayons pénétrants du radium sur les diélectriques liquides a été poursuivie par M. Jaffé[1], qui employait à cet effet un condensateur à plateaux plongé dans le liquide ; un faisceau étroit de rayons de radium pénétrait dans le condensateur normalement aux plateaux. Les recherches ont porté sur l’éther de pétrole, dont les échantillons les plus purs se sont montrés les plus sensibles à l’action des rayons ; la conductibilité spontanée de ces échantillons pouvait être négligée. La conductibilité due aux rayons augmente lentement avec le temps, l’augmentation atteignant, par exemple, 13 pour 100 en 13 jours ; mais pour un temps limité on trouvait une conductibilité bien définie. La saturation n’était jamais atteinte ; pour les champs très intenses le phénomène devenait irrégulier, annonçant l’approche de la distance disruptive ; le champ le plus fort employé était voisin de 6600

L’ordre des courants observés était entre 10-11 et 10-12 ampère par centimètre carré de surface des plateaux dont la distance variait entre 1mm et 7mm,5, la source radiante étant constituée

  1. Jaffé. Journal de Physique, 1906 ; Ann. d. Physik, 1908.