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électrique intense, le brouillard est rapidement supprimé ; toutefois ce n’est là probablement qu’un effet de déplacement de particules non chargées dans un champ non uniforme ; l’entraînement a lieu vers les bords des électrodes, et l’aspect du déplacement est indépendant du sens du champ.

La formation d’un brouillard dans un vase qui contient de l’émanation peut être considérée comme un indice de réaction chimique. Une concentration assez forte en émanation est nécessaire au début pour la production du brouillard (par exemple, l’émanation saturée de 5cg de chlorure de radium, dans un volume de 150cm³) ; une fois formé, le brouillard peut durer pendant un mois, alors que la concentration en émanation est devenue 200 fois plus faible.

Des effets de condensation de vapeur d’eau faiblement sursaturée ou simplement saturée ont été obtenus sous l’influence de rayons X, de la lumière ultraviolette et des rayons pénétrants du radium[1] ; la condensation a été attribuée à la formation dans le gaz de certains composés chimiques tels que les composés nitrés.

Les gouttelettes que j’ai observées sont fines et mobiles ; elles sont entraînées dans les lents mouvements du gaz dans le ballon d’expériences, et il n’a pas été possible d’observer qu’elles fussent sensibles à l’action de la pesanteur. Ces gouttelettes, qui doivent d’ailleurs être chargées de dépôt actif, sont cependant certainement plus grosses que les agglomérations qui se forment dans un gaz humide sur les particules du dépôt actif, et dont la vitesse de chute a pu être révélée (voir § 86) ; dans ces expériences la concentration de l’émanation était, en effet, beaucoup trop faible pour qu’un brouillard pût être observé. La chute des gouttelettes visibles pourrait donc, sans doute, être constatée dans une enceinte à une température parfaitement constante. Observées au microscope, ces gouttelettes manifestent un mouvement brownien.

Il semble d’après cela qu’il existe, dans les gaz contenant l’émanation du radium, des agglomérations chargées de dépôt actif dont la grosseur est très variable. Ces agglomérations utilisent pour leur formation les molécules du gaz, les molécules d’eau et les molécules des composés chimiques formés dans le gaz

  1. Barkow, Ann. d. Phys., 1907.