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Dans ces expériences les particules de dépôt actif ne doivent pas servir directement comme centres de condensation ; ces particules existent, en effet dans l’air comme dans le gaz carbonique, et leur action devrait être plus énergique avec la vapeur d’eau saturante qu’avec celle non saturante. Il est assez naturel de penser que, si l’on opère avec de l’eau et de l’air, les centres de condensation sont les composés nitrés qui se forment dans l’air en présence de l’émanation. Si l’on opère avec le mélange d’eau et d’acide sulfurique, on est conduit à faire la supposition, qui peut paraître étrange, que des particules d’anhydride sulfurique se trouvent dans le gaz à la suite d’une action de l’émanation sur le liquide. Un brouillard persistant est aussi obtenu dans un ballon qui contient de l’acide sulfurique concentré et de l’émanation dans du gaz carbonique ; ce brouillard dure plus d’un mois, tandis que les brouillards bien plus intenses qu’on peut produire dans le ballon à expériences par échauffement local durent moins d’une journée.

Des expériences variées ont été effectuées pour mettre en évidence le rôle des réactions chimiques. Pour obtenir un brouillard persistant dans un vase contenant de l’eau distillée et de l’air chargé d’émanation, il suffit de placer dans l’air du ballon à expérience un fragment de soufre ou un bouchon de caoutchouc ; dans le premier cas on constate après l’expérience que l’eau contient aussi des traces d’acide sulfurique ; dans le deuxième cas on peut penser qu’il y a eu attaque du bouchon avec oxydation de la matière organique et du soufre.

On observe des brouillards très intenses au début et très persistants avec l’éther de pétrole, le sulfure de carbone ou l’éther anhydre ; il s’agit probablement dans tous ces cas d’une attaque de ces corps organiques ; l’altération est manifeste avec le sulfure de carbone. J’ai obtenu de même des brouillards intenses et très persistants en employant l’iode dans le gaz carbonique chargé d’émanation ou le camphre dans l’air chargé d’émanation ; tandis qu’avec l’iode en présence d’air et d’émanation l’effet n’est pas persistant. J’ai observé aussi un brouillard avec l’actinium en présence d’eau distillée.

Les brouillards formés en présence de l’émanation ne semblent pas chargés ; si l’on établit dans le ballon à expériences un champ