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M. Debierne a constaté le même fait avec le rayonnement de l’actinium[1].

Voici quels sont les procédés qui permettent d’observer la décomposition du rayonnement en rayons facilement déviés et rayons peu sensibles ou insensibles à l’action du champ :


1o On peut employer la méthode radiographique avec un dispositif dont s’est servi couramment H. Becquerel. La source radiante est constituée par du radium placé au fond d’une petite cuve cylindrique profonde dont s’échappe un faisceau de faible ouverture, comme dans la figure 91. La plaque photographique est orientée de manière à ce que son plan fasse un petit angle avec la direction du faisceau ; le plan de cette plaque se confond sensiblement avec le plan du tableau. Le champ magnétique est normal au plan du tableau et dirigé vers l’arrière de ce plan. Le trajet des rayons est indiqué sur la plaque par la forme des impressions produites. Le rayonnement se trouve partagé en deux faisceaux : un faisceau de rayons dévié pour un champ d’intensité modérée, et un faisceau non dévié dans les mêmes conditions ; ce dernier comprend une partie très absorbable (rayons ), et un faisceau très pénétrant (rayons ). Une épreuve obtenue dans ces conditions est représentée dans la planche III, figure 2. Si l’on recouvre la cuve d’un écran, les rayons sont absorbés par une faible épaisseur de matière, tandis que les rayons persistent en même temps que le faible faisceau de rayons  ; quand l’épaisseur de l’écran augmente, les rayons sont absorbés à leur tour et le faisceau reste seul ; ce faisceau constitue donc le résidu du rayonnement après forte absorption, ainsi que l’a montré M. Villard, à qui est due la découverte des rayons [2].


2o On peut aussi mettre en évidence l’action d’un champ magnétique d’intensité modérée au moyen d’une méthode de mesures électriques. Ce procédé a été employé par P. Curie[3] qui établit ainsi, avant l’emploi de la méthode précédemment décrite, que le rayonnement du radium se compose de deux groupes suscep-

  1. Debierne, Comptes rendus, 1900.
  2. Villard, Comptes rendus, 1900.
  3. P. Curie, Comptes rendus, 8 janvier 1900.