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de baryum ordinaire, et il est très lumineux. Mais peu à peu le sel se colore spontanément et prend une teinte brune, en même temps que les cristaux deviennent dichroïques. À cet état, le sel est bien moins lumineux, quoique sa radioactivité ait augmenté[1]. Le platinocyanure de radium, préparé par M. Giesel, s’altère encore bien plus rapidement.

Les composés de radium constituent le premier exemple de substances spontanément lumineuses.

Les conditions de la production de lumière par les composés de radium ne sont pas encore bien connues. Il est probable qu’un corps radioactif tel que le radium peut fonctionner à la fois comme source de rayons et comme substance dont les sels sont phosphorescents ainsi que tous les sels alcalino-terreux. Le degré de phosphorescence pourrait cependant être influencé par le mode de préparation et par la présence d’impuretés, ainsi que cela a lieu, en général, pour les phénomènes de phosphorescence.

M. Debierne a constaté que les sels d’actinium sont également spontanément lumineux. L’actinium appartient selon toute vraisemblance au groupe des terres rares qui ont la faculté de devenir phosphorescentes par l’action des radiations.

La figure 1 (Pl. VII) représente deux épreuves, dont l’une est la photographie ordinaire d’une ampoule contenant un sel de radium, tandis que l’autre a été obtenue dans l’obscurité par l’action de la lumière propre du sel de radium.


150. Spectre de la lumière émise par les composés de radium et d’actinium. — La lumière émise par un sel de baryum radifère peut être photographiée ; on peut aussi l’examiner au spectroscope. M. et Mme Huggins[2] ont obtenu une photographie du spectre de cette lumière au moyen d’un spectrographe en quartz, avec trois jours d’exposition. Ce spectre présentait des bandes qui ont pu être identifiées avec celles de l’azote. Des expériences analogues ont été faites par d’autres savants dans l’air, dans d’autres gaz ou dans le vide. On observe, en général, un spectre continu dû à la phosphorescence du sel et, dans certains cas, un effet dû au

  1. Giesel, Wied. Ann., t. LXIV.
  2. Huggins, Proc. Roy. Soc., 1903.