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La sensibilité des substances phosphorescentes à l’action des rayons peut dépendre de la température. Ainsi le sulfure de zinc est moins sensible à la température de l’air liquide qu’à la température ordinaire.

Au point de vue de la numération des particules  il est important de se rendre compte, de quelle manière, la production des scintillations est influencée quand l’écran phosphorescent reste soumis à l’action d’une source intense de rayons . M. Marsden[1] a montré que, dans ces conditions, la diminution de la luminosité doit être attribuée principalement à une baisse progressive de l’éclat de chaque scintillation, tandis que le nombre des scintillations n’éprouve qu’une légère diminution qui pourrait n’être qu’apparente, l’observation étant rendue difficile quand l’éclat des scintillations est faible. On peut suivre par une méthode photométrique la diminution de la luminosité totale de l’écran, sous l’influence d’une source radiante constante ou variable. La vitesse de diminution dépend de la substance phosphorescente utilisée, elle est bien moins grande pour le sulfure de zinc que pour le platinocyanure de baryum.

Pour interpréter les résultats obtenus, M. Rutherford[2] a supposé que l’émission de lumière est due à la dissociation d’agrégats moléculaires, répartis uniformément dans la substance phosphorescente. Chaque centre actif, rencontré par une particule cesse d’être efficace. Une scintillation résulte de la dissociation d’un grand nombre de centres actifs, rencontrés par la même particule, et l’éclat de la scintillation est d’autant plus grand que le nombre des centres inaltérés est plus grand. Il est possible d’établir ainsi une théorie susceptible de rendre compte des faits observés.

En utilisant l’action photographique de la luminosité du sulfure de zinc sous l’action des rayons on peut obtenir une bonne mesure du parcours de ces derniers[3]. Pour cela, il suffit de disposer, au-dessus de la surface active plane, un écran phosphorescent transparent, convenablement incliné ; une plaque sensible est appliquée sur l’écran. La lumière émise par le sul-

  1. Marsden, Proc. roy. Soc., 1910.
  2. Rutherford, Proc. roy. Soc., 1910.
  3. Szilard, Le Radium, 1909.