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sulfate d’uranyle et de potassium. P. Curie a vérifié par des mesures électriques que le rayonnement, mesuré à une certaine distance de la source radiante, possède la même intensité quand le radium est à la température ambiante, ou quand il est dans une enceinte à la température de l’air liquide. Dans ces expériences, le radium était placé au fond d’un tube fermé à un bout. Les rayons sortaient du tube par le bout ouvert, traversaient un certain espace d’air et étaient recueillis dans un condensateur. On mesurait l’action des rayons sur l’air du condensateur, soit en laissant le tube dans l’air, soit en l’entourant d’air liquide jusqu’à une certaine hauteur. Le résultat obtenu était le même dans les deux cas. Des expériences analogues ont été faites par Becquerel avec les rayons pénétrants de l’uranium[1].

M. Dewar, en observant la décharge d’un électroscope par les rayons pénétrants du radium, a constaté que la vitesse de décharge était la même quand le radium était à la température de 15°, quand il était à la température de l’air liquide (-185°), et quand il était à la température de l’hydrogène liquide (-255°).

Des observations du même genre ne peuvent être faites facilement pour les rayons absorbables parce que l’absorption de ces derniers par les gaz varie beaucoup avec la densité du gaz et, par suite, avec sa température ; il est toutefois probable que l’émission de tels rayons se comporte à des températures variables comme l’émission de rayons pénétrants.

Quand on porte le radium à une température élevée, sa radioactivité subsiste. Le chlorure de baryum radifère qui vient d’être fondu (vers 800°) est radioactif et lumineux. Toutefois, une chauffe prolongée à une température élevée a pour effet d’abaisser temporairement la radioactivité du produit. La baisse est très importante, elle peut constituer 75 pour 100 du rayonnement total ; la baisse proportionnelle est moins grande sur les rayons absorbables que sur les rayons pénétrants qui sont sensiblement supprimés par la chauffe. Mais avec le temps, le rayonnement du produit reprend l’intensité et la composition qu’il avait avant la chauffe ; ce résultat est atteint au bout d’un mois environ à partir de la chauffe.

Ainsi l’émission de radiations par les corps radioactifs se présente

  1. Becquerel, Comptes rendus, 1901.