Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 2.djvu/222

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas lieu quand l’ionisation était due aux rayons X primaires ou secondaires ou aux rayons et d’où l’on concluait que les ions produits par les particules ont une vitesse d’émission plus petite que ceux produits par les autres rayons.

L’effet de recombinaison initiale, d’après MM. Bragg et Kleemann, serait indépendant de la profondeur de la chambre, proportionnel au nombre d’ions créés et dépendrait de la pression et de la nature du gaz ionisé ; il serait particulièrement caractérisé dans les gaz complexes tels que le chlorure d’éthyle, le tétrachlorure de carbone, etc.

On peut remarquer que les calculs qui servent pour prévoir le nombre des ions recombinés ne peuvent en réalité s’appliquer au cas d’une ionisation aussi peu uniforme que celle qui se produit au voisinage d’une substance radioactive émettant des rayons On peut donc chercher à rendre compte des phénomènes observés sans invoquer l’hypothèse de la recombinaison initiale. Un simple effet de diffusion des ions vers la substance active ne paraît pas suffisant pour l’explication des faits observés, parce que l’importance de la recombinaison initiale est indépendante de la profondeur de la chambre d’ionisation. M. Langevin a proposé l’interprétation suivante : une particule produit sur son parcours un grand nombre d’ions qui ne sont pas répartis uniformément dans le gaz, mais qui, au moins au début, se trouvent distribués en colonnes le long des trajectoires des particules la recombinaison ordinaire qui a lieu entre les ions d’une même colonne doit dépasser de beaucoup celle qu’on obtiendrait pour un même nombre d’ions répartis uniformément, et il doit en résulter une difficulté de saturation. On prévoit, dans cette hypothèse, que la saturation sera plus facile à obtenir quand les directions du champ électrique et des trajectoires des particules sont à angle droit que quand ces directions sont parallèles, parce que dans le premier cas la distribution en colonnes tend à disparaître, et dans le second cas elle tend à être conservée. Des expériences faites par M. Moulin[1] ont prouvé qu’il en est bien effectivement ainsi. L’expérience était faite avec des rayons du polonium rendus parallèles au moyen d’un diaphragme ; ces rayons étaient envoyés dans une chambre

  1. Moulin, Le Radium, 1908.