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plus grande et son mouvement plus stable jusqu’au moment où, ayant atteint la vitesse critique, elle perd selon toute probabilité sa charge et se trouve arrêtée par les molécules du gaz. Ses dimensions étant très grandes par rapport à celles d’une particule son pouvoir de pénétration est bien moindre que celui des particules de vitesse moyenne dont l’énergie est pourtant très inférieure à celle des particules

Le pouvoir ionisant d’une particule augmente quand sa vitesse diminue et tombe ensuite brusquement à zéro quand la vitesse s’approche de la vitesse critique. Pour les particules la relation entre le pouvoir ionisant et la vitesse est encore peu connue. D’après M. Townsend la vitesse minimum pour laquelle un électron acquiert le pouvoir ionisant est égal à 3.108 environ, et l’énergie minimum correspondante est 2,5.10-11 erg. Le pouvoir ionisant d’un électron augmente ensuite avec sa vitesse et atteint un maximum dont la valeur est telle que 15 ions sont produits par centimètre de parcours dans l’air sous la pression de 1mm de mercure. Mais pour des vitesses plus grandes encore, le pouvoir ionisant est moindre ; M. Durack[1] a trouvé en effet qu’un rayon cathodique de vitesse 5.109 n’ionise qu’une molécule sur 5cm de parcours dans l’air sous la pression de 1mm de mercure. En étudiant les rayons du radium dont la vitesse est supérieure à 1,5.1010 , M. Durack a trouvé qu’il n’y a qu’une molécule d’air ionisée par un rayon sur 10cm de parcours. On voit donc que le pouvoir ionisant de l’électron en mouvement, après avoir passé par un maximum, décroît ensuite de plus en plus à mesure que la vitesse augmente, la valeur maximum étant inférieure à celle du pouvoir ionisant moyen d’une particule

Au voisinage d’une matière radiante l’ionisation par les rayons domine. L’énergie de ces rayons est utilisée dans une région étroite entourant la matière. Le rapport de l’ionisation due aux rayons pénétrants et à celle due aux rayons est d’autant plus grand que la couche de matière active est plus épaisse et la chambre d’ionisation plus profonde, à condition toutefois que le courant

  1. Durack. Phil. Mag., 1903.