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Diverses expériences, dues principalement à H. Becquerel, montrent que la propagation des rayons bien que rectiligne, est accompagnée dans l’air à la pression atmosphérique d’une certaine diffusion du faisceau. Dans le vide la propagation rectiligne est réalisée plus parfaitement. On trouvera plus loin des détails relatifs à la reproduction radiographique du trajet des rayons

Les expériences de M. Rutherford et celles faites ensuite par H. Becquerel ont montré que les rayons de l’uranium n’éprouvent ni réflexion régulière, ni réfraction régulière, ni polarisation (§ 34). Des expériences du même genre, faites avec les autres substances radioactives, ont confirmé ces résultats. Les rayons éprouvent, par contre, dans certains cas, une réflexion diffuse sur la face d’entrée et une diffusion à la face de sortie d’une lame qu’ils traversent. Ces phénomènes sont accompagnés de l’émission de rayons secondaires et seront discutés plus loin.

L’émission de rayons par une substance radioactive varie avec la direction, suivant une loi qui dépend de l’épaisseur de la couche active. Quand la couche a une épaisseur appréciable, le rayonnement est plus important pour une direction d’émission normale à la surface active, que pour une direction oblique par rapport à cette surface. Mais la matière active peut aussi être présente sous forme d’un enduit infiniment mince recouvrant une matière inactive ; tel est le cas d’un dépôt de radioactivité induite sur une lame métallique. En ce cas l’émission est la même dans toutes les directions, ainsi que l’on pouvait s’y attendre. Des expériences à ce sujet ont été décrites par M. Rutherford[1]. Un fil activé, disposé normalement au plan du tableau (fig. 93), produit au travers d’une fente qui lui est parallèle, une impression sur une plaque photographique P ; la zone impressionnée présente un minimum d’effet dans la région centrale, et l’effet va en augmentant vers les bords. Ce fait s’explique en remarquant que les régions des bords reçoivent par unité de surface des rayons provenant d’une plus grande partie de la surface du fil que celle utilisée par la région centrale.

Quand un barreau de section carrée est placé parallèlement à un écran fluorescent, ainsi que l’indique la figure 93, on observe de même que l’effet lumineux est plus intense aux points M et N

  1. Rutherford, Phil. Mag., 1906.