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un faisceau de rayons émis par une source linéaire et limité par une fente parallèle à la source. Un champ magnétique parallèle à la direction de la fente était établi dans la région traversée par les rayons ; le trajet des deux faisceaux séparés était reproduit sur une plaque photographique, normale au plan déterminé par la source et la fente, mais inclinée sur la direction moyenne des rayons. Le faisceau non dévié de rayons reste fin, tandis que le faisceau dévié de rayons subit un épanouissement notable.

D’après les expériences de M. Paschen, si les rayons sont déviés par un champ magnétique, le rayon de courbure de leur trajectoire dans un champ de 30000 unités est supérieur à 10m, et en ce cas, même en leur attribuant une vitesse voisine de celle de la lumière, on obtiendrait au plus un rapport de l’ordre de 1000 unités électromagnétiques. Les rayons représenteraient en ce cas des particules possédant une très grande énergie, ce qui ne semble pas conforme aux expériences ; on sait, en effet, que les rayons  ne contribuent que pour une faible part au dégagement de chaleur produit par le radium. Il est donc probable que ces rayons ne sont pas chargés.

P. Curie et M. Sagnac[1] ont cherché à mettre en évidence la charge des rayons Röntgen en recevant un faisceau de ces rayons dans un cylindre de Faraday en plomb à parois épaisses ; les rayons entraient dans ce cylindre par une ouverture pratiquée dans la paroi de plomb et fermée par une feuille d’aluminium. L’enceinte fermée ainsi obtenue était entièrement recouverte d’une couche mince de paraffine, qui était elle-même entourée d’une mince enveloppe en aluminium reliée au sol. Une tige de communication protégée de la même manière reliait la paroi du cylindre à un électromètre. Les rayons traversaient l’enveloppe extérieure, la paraffine et la fenêtre et étaient absorbés dans la paroi de plomb. Aucune charge de celle-ci n’a pu être constatée à l’électromètre.

Quand on veut s’assurer de la même manière si les rayons transportent une charge électrique, on rencontre de grandes difficultés. Ces rayons sont, en effet, très pénétrants et traversent tout récepteur destiné à les recevoir, en n’étant absorbés que partielle-

  1. P. Curie et Sagnac, Comptes rendus, 1900.