Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 2.djvu/190

Cette page a été validée par deux contributeurs.


RAYONS .


137. Découverte des rayons . Pouvoir pénétrant. — La découverte des rayons est due à M. Villard[1] qui fut le premier à observer que le radium émet des rayons très pénétrants non déviés dans un champ magnétique. Dans les expériences de M. Villard, un faisceau de rayons du radium soumis à l’action d’un champ magnétique était reçu très obliquement sur une pile de plaques photographiques. Le faisceau non déviable et pénétrant traversait toutes les plaques sans diffusion et marquait sa trace sur chacune d’elles. Le faisceau dévié produisait une impression sur la première plaque seulement ; ce faisceau paraissait donc ne point contenir de rayons de grande pénétration.

La découverte de M. Villard a été confirmée par Becquerel[2]. P. Curie a observé dans ses expériences que le faisceau des rayons pénétrants du radium étudié à grande distance de la source contient environ 10 pour 100 de rayons non déviés par l’action du champ magnétique. La présence de 90 pour 100 de rayons déviés par le champ semblait en contradiction avec les résultats de M. Villard. Toutefois ce désaccord s’explique par les propriétés des rayons Dans les expériences de M. Villard, les rayons déviables et pénétrants n’impressionnent pas les plaques photographiques placées au delà de la première, parce qu’ils sont en grande partie diffusés dans tous les sens par le premier obstacle solide rencontré et cessent de former un faisceau. Dans les expériences de P. Curie, les rayons émis par le radium et transmis par le verre de l’ampoule étaient probablement aussi diffusés par le verre, mais l’ampoule étant très petite, fonctionnait alors elle-même comme une source de rayons déviables partant de sa surface, et l’on a pu observer ces derniers jusqu’à une grande distance de l’ampoule.

Les rayons du radium sont extrêmement pénétrants ; avec une source suffisamment intense on peut observer l’effet ionisant de ces rayons au travers d’épaisseurs de métal de 20cm ou 30cm.

  1. Villard, Comptes rendus, 1900.
  2. Becquerel, Comptes rendus, 1900.