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(fig. 123, II) constituée par le polonium en couche très mince, traversaient un diaphragme composé d’une série de tubes juxtaposés et étaient ensuite reçus dans une chambre d’ionisation étroite, formée par une toile métallique reliée à la pile et un plateau placé au-dessus de la toile et relié à l’électromètre. Le plateau pouvait être enlevé et remplacé par d’autres plateaux ayant exactement la même forme, mais faits avec des métaux différents : aluminium, cuivre, zinc, laiton ; l’appareil était construit avec une exactitude suffisante pour que la substitution d’un plateau à un autre ne pût amener aucune modification dans la forme de la chambre d’ionisation. On construisait la courbe d’ionisation des rayons du polonium pour chaque plateau ; les courbes obtenues sont exactement superposables, et aucune influence du métal frappé par les rayons n’est visible. Le même résultat est obtenu en remplaçant le plateau supérieur par une toile métallique tendue reliée à l’électromètre sur laquelle on pose des feuilles métalliques très minces de nature différente : aluminium, zinc, plomb. Si les rayons du polonium en frappant les écrans donnaient lieu à la production de rayons secondaires très absorbables dans l’air et doués de pouvoir ionisant, le dispositif qui vient d’être décrit devait être particulièrement bien adapté à faire valoir l’effet de ces rayons, puisque le pouvoir ionisant des rayons n’était utilisé que sur un faible trajet (profondeur de la chambre d’ionisation 0mm,5). On peut donc conclure qu’il n’existe aucun effet métal, accompagné d’ionisation, dû aux rayons

D’autres expériences ont été faites par la méthode radiographique. Une nappe verticale étroite de rayons du polonium, limitée par deux fentes semblables et parallèles placées l’une au-dessus de l’autre, venait rencontrer une plaque photographique inclinée dont le bord horizontal était perpendiculaire à la direction des fentes ; cette plaque venait s’appuyer sur une cloison horizontale, dont le bord extrême horizontal et perpendiculaire aux fentes se trouvait au-dessus du milieu de celles-ci. Ce bord aurait pu être le siège d’une émission secondaire, et en ce cas la partie supérieure de l’impression produite par les rayons directs aurait pu être entourée d’une houppe diffuse. Les expériences étaient faites soit à la pression atmosphérique, soit à une pression inférieure à celle de 1mm de mercure ; en aucun cas on n’a observé la moindre trace des apparences attendues.