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un obstacle au mouvement, en raison de l’attraction électrostatique qui doit se produire entre la particule chargée et les molécules ; mais le calcul montre que la perturbation qui en résulte est très peu importante quand l’énergie cinétique de la particule est aussi grande. Il ne semble pas d’ailleurs indispensable d’admettre que l’arrêt résulte de la perte de charge, car on peut concevoir que si l’arrêt s’est produit pour une autre raison, la charge se trouvera aussitôt neutralisée grâce à la présence d’ions dans le gaz. On pourrait imaginer qu’une particule qui possède une vitesse suffisante traverse les molécules qu’elle rencontre, et qu’il existe une vitesse limite au-dessous de laquelle ce phénomène ne peut se produire. Dans cette hypothèse la grandeur de la vitesse serait la cause déterminante du désaccord qui se manifeste entre le mode de mouvement d’une particule et les prévisions de la théorie cinétique, de sorte qu’un atome d’hélium, lancé avec la même vitesse, pourrait se comporter de la même manière.

L’expérience montre que la stabilité du mouvement de la particule n’est assurée que tant que l’énergie reste suffisamment grande. Toute rencontre avec une molécule de gaz doit entraîner une perte d’énergie de la particule, surtout quand il y a production d’ions ; le nombre des ions produits par une particule est d’ailleurs très grand, et l’on a des raisons pour penser que les molécules qui subissent l’ionisation constituent la plus grande partie des molécules rencontrées (voir § 135).


133. Numération directe des particules . Mesure de la charge d’une particule . Valeur de la charge élémentaire. — La charge d’une particule  et le nombre des particules émises par seconde par un gramme de radium sont des constantes d’une grande importance qu’il est utile de pouvoir déterminer indépendamment. On doit à MM. Rutherford et Geiger[1] un travail important sur la numération directe des particules

Le principe de la méthode est le suivant : une particule isolée produit le long de son parcours dans l’air sous la pression atmosphérique un nombre d’ions très grand mais insuffisant pour produire un effet appréciable sur l’électromètre. Si la particule se

  1. Rutherford et Geiger, Phys. Zeit., 1909.