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grande étant dû à la présence d’un reste d’émanation et de radioactivité induite.

Pour mesurer la charge des rayons on fait un bon vide dans la boîte et l’on établit un champ magnétique parallèle à l’électrode, afin de supprimer l’effet des électrons lents émis par la fenêtre et l’électrode. On mesure la charge apportée au plateau par les rayons sans canaliser ces derniers et en employant une quantité plus grande de radium. On vérifie qu’aucun courant d’ionisation appréciable n’existe dans la boîte en constatant que, le champ magnétique étant établi, on peut établir une différence de potentiel de quelques volts entre la fenêtre et l’électrode sans modifier l’intensité du courant. La courbe II (fig. 135) représente le courant de charge dû aux rayons. Ce courant est sensiblement supprimé quand le radium est à plus de 2cm de la fenêtre. La charge des particules et leur pouvoir ionisant s’arrêtent à peu près au même point. Le parcours mesuré par la charge est peut-être un peu plus court que celui mesuré par le pouvoir ionisant, mais la différence est, en tout cas, très faible.

Ainsi pour une particule qui a perdu son pouvoir ionisant, la charge ne peut pas être décelée. Nous avons vu d’ailleurs qu’une telle particule ne peut plus agir sur une plaque sensible ou sur un écran phosphorescent, et nous verrons qu’elle a perdu aussi son pouvoir de produire des rayons secondaires (voir § 136). Une particule qui a atteint la vitesse critique a donc perdu toutes les propriétés qui la distinguent des atomes gazeux ordinaires.

Il est facile de se rendre compte qu’un atome léger, un atome d’hélium par exemple, lancé dans l’air avec la vitesse initiale d’une particule et subissant des chocs contre les molécules d’air suivant les hypothèses admises d’ordinaire en théorie cinétique, se trouverait très rapidement arrêté dans son mouvement rectiligne, son énergie cinétique se trouvant réduite à celle qui correspond à l’agitation thermique. On peut prévoir que dans ces conditions le parcours du projectile ne serait qu’une petite fraction du parcours réellement observé pour une particule en effet, d’une part, le projectile serait fortement dévié de sa direction primitive dès les premiers chocs ; d’autre part, sa vitesse serait réduite à la vitesse moyenne d’agitation thermique après un très petit nombre de chocs.