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occlus dans une feuille de plomb qui entourait le tube à émanation dans l’air à la pression atmosphérique ; cette feuille était introduite dans un appareil approprié à l’examen des gaz ; l’air était déplacé par un courant d’oxygène pur qui a été ensuite absorbé par le charbon à la température de l’air liquide ; puis la lame a été chauffée et le spectre du gaz dégagé a été soumis à l’examen. L’hélium était déjà visible avec une lame qui avait été exposée 4 heures seulement à l’action des rayons. La même expérience a été répétée avec une lame d’étain.


132. Charge des rayons . — La mesure de la charge des rayons constitue une expérience très délicate. On ne pouvait espérer observer cette charge que dans un vide très parfait, car les particules ont un pouvoir ionisant très grand, et il est nécessaire d’éviter pour l’électrode qui les absorbe la perte de charge résultant de l’ionisation du gaz résiduel.

Les premières expériences faites en vue de mettre en évidence la charge des rayons ont donné un résultat négatif. Voici quel était le dispositif expérimental employé par M. Rutherford[1] : Une couche très mince de bromure de radium était obtenue sur une plaque par évaporation d’une solution très étendue ; le sel était étudié quand son activité était minimum ; à cet état il n’émet sensiblement que des rayons La couche de matière étant très mince, les rayons n’étaient pas absorbés par la matière radiante d’une manière appréciable.

La plaque active A (fig. 133) était isolée dans un vase de métal et reliée à l’un des pôles d’une batterie dont l’autre pôle était relié au sol. L’électrode supérieure, isolée et reliée à un électromètre, était constituée par une boîte rectangulaire en cuivre, dont l’ouverture tournée vers le bas était fermée par une feuille d’aluminium très mince. Les rayons traversaient cette feuille, pénétraient dans la boîte et étaient absorbés par les parois de celle-ci. La boîte extérieure D était reliée au sol, et l’on y faisait un vide aussi bon que possible. Si les rayons sont chargés positivement, l’électrode doit recueillir de l’électricité positive et, en vertu de l’ionisation du gaz résiduel, le courant obtenu quand la

  1. Rutherford, Phil. Trans., 1904.