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tivement faible ou un rayon cathodique d’une ampoule de Crookes ; ce rapport est du même ordre de grandeur que celui qui caractérise les rayons positifs des ampoules à vide, ce dernier rapport étant, comme on le sait, variable, et admettant comme limite supérieure la valeur 104 qui correspond aussi au transport d’électricité par l’hydrogène électrolytique. Nous sommes donc conduits à attribuer à la particule des dimensions atomiques, et ce fait confirme l’hypothèse d’après laquelle l’expulsion d’une particule par un atome ne peut se faire sans que celui-ci se trouve détruit,

La valeur E. M. environ ne correspond à aucun des rapports connus dans l’électrolyse. Des considérations basées sur la production d’hélium par les corps radioactifs ont conduit M. Rutherford à prévoir que les particules pourraient être des atomes d’hélium portant la charge élémentaire ; cette supposition conduisait à une valeur moitié moindre du rapport La valeur expérimentale conduit donc à considérer la particule comme un atome d’hélium portant le double de la charge élémentaire, ou comme un demi-atome d’hélium portant la charge élémentaire. La première de ces hypothèses semble actuellement établie.

MM. Rutherford et Royds[1] ont vérifié par une expérience directe qu’on trouve de l’hélium dans un vase qui n’en contenait pas primitivement, et dans lequel on a laissé pénétrer les particules émises par une source radiante contenue dans un tube de verre fermé à parois très minces. Le dispositif expérimental est représenté dans la figure 132. Une grande quantité d’émanation du radium était contenue dans le tube de verre A dont la paroi avait une épaisseur inférieure à 0mm,01 ; l’épaisseur d’air équivalente étant 2cm, on voit que la grande majorité des particules traversait le tube et pénétrait dans le vase extérieur T, dans lequel on avait fait un vide parfait au moyen de charbon contenu dans le vase F et refroidi dans l’air liquide. De temps en temps on laissait remonter le mercure de manière à refouler le gaz dans le capillaire V, et l’on examinait le spectre. Après 24 heures aucune trace d’hélium n’était visible, mais après 2 jours la ligne jaune apparaissait faiblement,

  1. Rutherford et Royds, Phil. Mag., février 1909.