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approximation. Si au premier écran on superpose un deuxième écran semblable, l’abaissement de la courbe est doublé. L’effet de l’écran consiste donc à produire un abaissement de la courbe d’ionisation, et cet abaissement est proportionnel à l’épaisseur de l’écran (fig. 125). Ces expériences rendent légitime la supposition analogue qui a été faite relativement à la diminution du trajet des rayons par suite de leur passage dans la matière qui les émet.

Ce fait est en faveur de l’hypothèse d’après laquelle toutes les particules traversent effectivement l’écran, pourvu qu’elles aient la même vitesse initiale et la même direction normale à l’écran, et pourvu que l’écran ait une épaisseur inférieure à une certaine valeur limite. Des expériences intéressantes ont été faites à ce sujet par M. Regener[1] qui, observant les particules par les scintillations qu’elles produisent sur un écran au sulfure de zinc, a constaté que le nombre des scintillations pour des rayons normaux n’est pas modifié par l’interposition d’un écran mince entre la source (polonium) et l’écran.

L’abaissement de la courbe d’ionisation par suite du passage des rayons au travers d’un écran d’épaisseur constitue l’épaisseur d’air équivalente à cet écran. Si l’abaissement était proportionnel à la densité de la matière par rapport à l’air, on aurait la relation Cette relation n’est pas conforme à l’expérience, et l’on trouve, en général, que le rapport pour les métaux est supérieur à l’unité, surtout pour les métaux denses. Ce rapport présente, par contre, avec le poids atomique de la substance absorbante, une relation plus étroite ; il varie approximativement en raison inverse de la racine carrée du poids atomique, ainsi que l’indique le Tableau suivant :

    
Or 
3,05 4,65
Pt 
3,29 4,25
Sn 
2,41 4,50
Ag 
2,41 4,30
Cu 
1,78 4,45
Al 
1,23 4,25
Air 
1,00 3,79
  1. Deutsch. Phys. Ges. 1908.