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sation du gaz. On verra, d’ailleurs, que le nombre d’ions produit par une particule le long de son parcours dans le gaz est très élevé et de l’ordre de 200 000 ; le travail d’ionisation peut donc représenter une perte d’énergie importante,

MM. Bragg et Kleemann[1] ont fait l’hypothèse que les rayons émis par une substance radioactive simple possèdent tous la même vitesse initiale, et qu’ils sont, par suite, capables de produire l’ionisation de l’air sur une même distance déterminée qui se nomme leur parcours. Seuls les rayons émis par la surface de la matière active peuvent réaliser le parcours les rayons provenant d’une profondeur éprouvent une perte d’énergie en traversant la matière ; on admet que cette perte d’énergie se traduit par une diminution du parcours restant dans l’air, et que cette diminution proportionnelle à peut être désignée par étant un coefficient qu’on nomme coefficient d’abaissement ; dans la théorie primitive on considérait que représente le rapport entre la densité de la matière traversée et la densité de l’air. On suppose encore, conformément aux indications de l’expérience, qu’un faisceau de rayons traverse la matière sans éprouver une dispersion appréciable et que, par suite, le trajet des rayons dans l’air est rectiligne.

Considérons un faisceau de rayons parallèles émis par une couche de matière d’épaisseur suffisamment faible pour que les rayons émanant du fond de la couche puissent encore pénétrer dans l’air, c’est-à-dire pour qu’on ait et examinons comment varie l’ionisation dans l’air à une distance de la surface de la couche active. Pour mesurer cette ionisation on laisse pénétrer les rayons dans un condensateur à plateaux très rapprochés, et dont le plateau A est constitué par une toile métallique (fig. 120) ; nous désignerons par la distance variable du plateau A à la matière active et par la distance des plateaux (profondeur de la chambre d’ionisation). Aucun courant ne sera observé dans le condensateur quand on aura Supposons que le pouvoir ionisant d’un rayon reste constant sur toute la longueur du parcours. Si l’on considère les distances inférieures à le nombre de rayons qui traversent chaque plan parallèle à la surface active reste constant, et l’ionisation dans la

  1. Bragg et Kleemann, Phil. Mag., 1904 et 1905.