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pluie de points lumineux qui apparaissent et disparaissent continuellement. L’écran présente l’aspect d’un ciel étoilé. Les points brillants sont plus rapprochés dans les régions de l’écran voisines du radium, et dans le voisinage immédiat de celui-ci la lueur paraît continue. Le phénomène ne semble pas altéré par les courants d’air ; il se produit dans le vide, mais il est supprimé par un écran d’assez faible épaisseur, (0mm,1 d’aluminium), placé entre le radium et l’écran phosphorescent ; on pouvait donc conclure que le phénomène est dû à l’action des rayons les plus absorbables du radium.

On pouvait imaginer que l’apparition d’un des points lumineux sur l’écran phosphorescent est provoquée par le choc d’un projectile isolé. Dans cette manière de voir, on avait affaire, pour la première fois, à un phénomène permettant de distinguer l’action individuelle d’une particule dont les dimensions sont du même ordre de grandeur que celles d’un atome.

L’aspect des points lumineux est le même que celui des étoiles ou des objets ultra-microscopiques fortement éclairés, qui ne produisent pas sur la rétine des images nettes, mais des taches de diffraction ; et ceci est bien en accord avec la conception que chaque point lumineux extrêmement petit est produit par le choc d’un seul atome. Cette conception a été vérifiée par des travaux récents, dans lesquels le nombre des particules reçues par un écran et le nombre des scintillations étaient déterminés indépendamment ; il a été prouvé qu’on peut compter les particules par le nombre des scintillations qu’elles produisent.

Les scintillations peuvent être obtenues avec le radium, l’actinium, le polonium, les radioactivités induites ; l’émanation de l’actinium donne des effets particulièrement brillants. Elles ont pu être observées avec des substances faiblement actives telles que l’uranium, le thorium, la pechblende[1]. Pour cela on dispose sur la substance active un écran de matière transparente, recouvert sur la face inférieure d’une couche mince de sulfure de zinc ; les scintillations sont observées avec une loupe, après un séjour d’une certaine durée dans l’obscurité complète.

  1. Glew, Arch. Röntgen Ray. 1904.