Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 1.djvu/83

Cette page a été validée par deux contributeurs.

trolyse. Il semble d’ailleurs très probable que la charge d’une particule formant un rayon cathodique est égale à la charge d’un atome monovalent dans la conduction électrolytique. Nous avons vu, en effet, que cette dernière charge est la même que celle d’un ion gazeux. Or, d’après l’étude comparée des ions obtenus dans divers cas, il semble probable que l’ion négatif a toujours pour noyau un électron ou corpuscule auquel appartient la totalité de la charge, et dont les dimensions sont négligeables par rapport à celles d’un atome, mais qui est susceptible de s’entourer de molécules de gaz pour former une agglomération assez importante. Cette agglomération ne semble plus se produire quand le gaz raréfié est soumis à un champ assez intense pour que l’ionisation par choc des ions puisse avoir lieu ; il est donc bien probable que l’agglomération n’a pas lieu quand la décharge disruptive traverse le gaz. Il est alors naturel de considérer les particules formant les rayons cathodiques comme ces mêmes électrons qui sont les noyaux des ions négatifs dans tous les cas, et qui sont produits à la surface de la cathode par le choc des ions positifs contre les molécules du gaz. Cette supposition peut être considérée comme prouvée par les expériences de M. Lenard, d’après lesquelles on peut obtenir des rayons absolument identiques aux rayons cathodiques, en employant un tube de verre muni de deux électrodes dont l’une en zinc, en faisant un bon vide dans ce tube, et en éclairant ensuite avec de la lumière ultra-violette l’électrode en zinc portée à un potentiel négatif pendant que l’autre électrode est reliée au sol. La cathode en zinc est alors une source d’émission de rayons cathodiques, et la vitesse de ceux-ci est d’autant plus grande que la différence de potentiel entre les électrodes est plus élevée. Dans un gaz sous pression atmosphérique, une cathode en zinc fournit au contraire des ions négatifs de masse relativement grande dont le noyau est précisément l’électron négatif, ou le plus petit élément matériel connu lié à la plus petite quantité d’électricité négative qui puisse être isolée.

On déduit de ces considérations que l’électron se comporte comme ayant une masse environ 1800 fois plus petite que celle d’un atome d’hydrogène. On conçoit qu’une particule de si petites dimensions puisse être dans certains cas détachée d’un atome sans que la destruction de celui-ci en résulte.