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L’arrivée des rayons sur la paroi de verre opposée à la cathode est marquée par la production d’une vive fluorescence, et si un obstacle opaque aux rayons est interposé sur le trajet du faisceau, cet obstacle donne lieu à une ombre nette, dont la production prouve la propagation rectiligne des rayons. Les rayons cathodiques ont une énergie très appréciable ; en frappant un obstacle ils peuvent en élever la température au point de produire l’incandescence et, dans le cas du verre, la fusion. Ils sont déviés de leur trajet rectiligne par l’action d’un champ électrique ou d’un champ magnétique ; cette déviation se fait de la même manière que celle que l’on peut prévoir en assimilant un rayon cathodique à une particule matérielle chargée négativement et lancée par la cathode avec une très grande vitesse. Le fait que les rayons cathodiques transportent avec eux de l’électricité négative a d’ailleurs été directement démontré par les expériences de M. Perrin ([1]). La théorie précédente sur la nature des rayons cathodiques, primitivement énoncée par M. Crookes, est actuellement généralement adoptée.

M. Lenard a réussi à observer les rayons cathodiques en dehors du tube à décharge dans lequel ils se produisent, en les dirigeant sur une fenêtre en aluminium très mince, faisant partie de la paroi du tube. Si l’épaisseur de l’aluminium n’est que de quelques millièmes de millimètre, les rayons peuvent traverser la fenêtre et se propagent au delà de cette dernière en conservant leur charge. Ils ne peuvent toutefois se propager à une distance notable que s’ils pénètrent à la sortie de la fenêtre dans une chambre vide d’air ; dans l’air à la pression atmosphérique ils sont aussitôt absorbés et ne peuvent franchir qu’une distance de 1mm à 2mm. En recevant les rayons cathodiques dans un gaz, on peut constater qu’ils produisent dans celui-ci une ionisation intense.


15. Action d’un champ magnétique et d’un champ électrique sur les rayons cathodiques. — La force qui s’exerce dans un champ magnétique uniforme d’intensité sur une particule cathodique lancée dans une direction normale au champ avec une vitesse , est égale à , si est la charge de la particule. Cette force est normale au plan qui contient la direction de la vitesse et celle du

  1. Ions, électrons, corpuscules, p. 558