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pouvoir ionisant est égale à

,


soit environ cm : sec.

Cette vitesse est précisément du même ordre que celle des rayons cathodiques très lents et capables de produire l’ionisation du gaz ; les rayons cathodiques sont d’ailleurs eux-mêmes des électrons en mouvement.

Pour des champs au-dessous d’une certaine limite, les ions négatifs fonctionnent seuls comme projectiles ou rayons ionisants ; pour des champs encore plus intenses, les ions positifs commencent à jouer le même rôle. Enfin, quand le champ prend une valeur suffisante, la production d’ions nouveaux par choc de ceux déjà existants augmente très rapidement, et il arrive un moment où le courant peut être entretenu par cette seule cause sans le secours d’un rayonnement étranger. On a alors obtenu la décharge disruptive. D’après cette théorie, la décharge disruptive doit toujours être amorcée par la présence initiale de quelques ions ; on sait, d’ailleurs, que diverses causes peuvent donner lieu à la production de ces ions nécessaires au début.


14. Rayons cathodiques. — Un moyen très précieux pour obtenir des renseignements sur les dimensions d’une particule chargée consiste à déterminer pour cette particule le rapport de la charge à la masse. Pour cela on étudie le mouvement de la particule dans un champ électrique et dans un champ magnétique. Dans les deux cas, la particule chargée est déviée de son trajet primitif, et la grandeur de la déviation dépend du rapport de la charge à la masse et de la vitesse de la particule.

Les premières expériences de ce genre sont relatives aux rayons cathodiques. Quand on fait passer la décharge électrique dans un gaz sous pression très faible, par exemple de millimètre de mercure, contenu dans un tube de verre muni de deux électrodes, l’électrode négative ou cathode donne lieu à une émission de rayons dits rayons cathodiques. Ces rayons partent normalement de la surface de la cathode et poursuivent dans le gaz un trajet rectiligne indiqué quelquefois par la fluorescence du gaz sur leur passage.