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On peut d’ailleurs régler l’appareil de telle manière que l’ionisation soit également intense des deux côtés, ce qui est réalisé quand les courants de saturation que l’on peut obtenir dans les deux condensateurs sont les mêmes. On constate alors que la valeur minimum de nécessaire pour que la détente soit accompagnée de formation de brouillard, est égale à 1,25 pour le volume gazeux qui contient des ions négatifs et à 1,31 pour le volume gazeux contenant les ions positifs. D’ailleurs, quand la condensation est obtenue de part et d’autre, les brouillards ont un aspect semblable. Si l’on détermine leur production aussitôt après l’arrêt des rayons, on les voit tomber, et l’on constate qu’ils tombent avec la même vitesse, ce qui prouve qu’ils sont formés de gouttes qui ont sensiblement même volume. Si l’on admet que la quantité d’eau condensée des deux côtés n’est pas très différente, il en résulte que les ions des deux signes sont bien présents dans le gaz en nombres comparables, et comme ils sont formés à partir d’un gaz primitivement non chargé, les charges des ions de signes contraires doivent avoir des valeurs du même ordre.

La vitesse de régime que prend une petite sphère dont la densité est et le rayon , en tombant en chute libre au sein d’un gaz dont le coefficient de viscosité est , a été calculée par Stokes. On a

.

Cette formule peut être appliquée à la chute de gouttelettes qui composent le brouillard, et pour lesquelles . Elle permet de calculer le rayon d’une goutte, si toutes les gouttes sont supposées égales, et si la vitesse de chute de leur ensemble a été observée ; le coefficient est connu pour différents gaz.



9. Charge des ions. — Pour mesurer la charge d’un ion, M. J.-J. Thomson a admis que quand l’ionisation n’est pas trop forte et que la détente a une valeur convenable, tous les ions servent comme centres de condensation ; le nombre des gouttes formées est alors égal au nombre d’ions présents. Le gaz était ionisé soit par les rayons Röntgen, soit par une substance radioactive ; il était contenu dans un récipient qui renfermait deux plateaux parallèles et horizontaux formant condensateur. Après l’arrêt des rayons, on