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de mercure, la mobilité de l’ion négatif est plus grande que ne le veut cette loi, comme si l’ion négatif éprouvait à ces faibles pressions une diminution de volume[1].

La loi de variation du coefficient avec la pression est plus compliquée. Au voisinage de la pression atmosphérique, ce coefficient pour l’air varie peu avec la pression, mais cette valeur est une sorte de maximum, et le coefficient décroît quand la pression augmente ou diminue à partir de la pression atmosphérique[2].

L’action de l’humidité sur la mobilité des ions, et plus particulièrement sur celle de l’ion négatif, peut s’interpréter par une augmentation de volume des ions par suite d’une attraction de molécules d’eau par ces particules chargées. On peut constater que la mobilité des ions gazeux est très supérieure à celle des ions dans les électrolytes. Cette dernière est seulement de l’ordre de 1cm par heure quand le champ est d’un volt : cm.


8. Condensation de la vapeur d’eau sur les ions. — On a pu mesurer approximativement la charge d’un ion isolé au moyen d’expériences très ingénieuses sur la condensation de la vapeur d’eau en présence de ces particules chargées.

Dans un récipient qui contient de l’eau et de l’air à température constante, la vapeur d’eau est saturante. Si le volume du gaz vient à augmenter brusquement par suite d’une détente réalisée au moyen d’un dispositif convenable, il en résulte un refroidissement temporaire du gaz ; la vapeur d’eau qui y est contenue se trouve alors sursaturée et doit éprouver une condensation partielle. La facilité de cette condensation dépend essentiellement de la présence dans le gaz de centres de condensation, c’est-à-dire de particules pouvant servir de noyaux pour la formation des gouttes. C’est ainsi que dans l’air contenant des poussières la condensation se produit facilement, lors d’une détente très faible, et se manifeste par l’apparition d’un brouillard. Si, au contraire, l’air est exempt de poussières, la condensation au sein du volume gazeux ne se produit pas pour une détente faible, et l’on ne voit appa-

  1. Rutherford, Proc. Camb. Phil. Soc., 1898. — Langevin, Thèse de doctorat.
  2. Langevin, loc. cit.