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Il résulte de ces mesures que dans l’air sec la mobilité de l’ion négatif est notablement supérieure à celle de l’ion positif. Dans l’air humide les mobilités des deux ions sont plus faibles et plus voisines entre elles que dans l’air sec. Les valeurs ci-dessus sont relatives à des gaz sous pression atmosphérique et à la température ambiante.

La méthode des courants gazeux est d’une application facile, mais elle nécessite un certain débit de gaz et rend difficile son dessèchement parfait. On peut utiliser avec avantage diverses méthodes de mesures qui consistent à déterminer directement le temps nécessaire pour qu’un ion, contenu dans un gaz au repos et soumis à l’action d’un champ électrique, puisse franchir un chemin déterminé[1]).

Voici la description de l’une des méthodes utilisées[2] :

Un plateau entouré d’un anneau de garde est relié à l’électromètre ; en face de ce plateau se trouve une toile métallique , parallèle au plateau et placée à la distance de ce dernier ; derrière la toile se trouve un plateau placé parallèlement à la toile et à la distance de celle-ci. On établit entre la toile et le plateau une différence de potentiel constante, produisant un champ de vers , si l’on veut mesurer la mobilité des ions positifs. Entre la toile et le plateau on crée un champ alterné de période  ; pendant une demi-période, une différence de potentiel produit entre et un champ de même sens que celui qui existe constamment entre et  ; pendant la demi-période suivante, une différence de potentiel , égale ou supérieure à , produit un champ dirigé en sens inverse du précédent.

On produit des ions dans le gaz entre et à l’aide d’un faisceau étroit de rayons Röntgen parallèle aux plateaux ; les ions positifs se dirigent vers la toile et la traversent si le champ est dirigé de vers , mais sont arrêtés par la toile quand le champ est dirigé en sens contraire. Les ions qui peuvent traverser la toile se meuvent entre et avec la vitesse  ; quelques-uns d’entre eux

  1. Rutherford, Proc. Phil. Soc., 1898. − Langevin, Comptes-rendus, 1902. − J.-J. Thomson, Conduction of Electricity through gases
  2. Blanc, Soc. de Phys., 1908. Cette méthode est analogue à celle dont le principe a été établi par M. Rutherford pour la mesure de la mobilité des ions créés par l’action de la lumière ultraviolette sur le zinc. (Rutherford, loc.cit.).