Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 1.djvu/446

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’expérience ne s’est encore prononcée en faveur d’aucune des deux hypothèses.

Un essai de théorie a été fait en vue d’expliquer la destruction des atomes par la diminution progressive de leur énergie interne, en vertu de l’émission constante de radiation électromagnétique liée au mouvement des électrons qui constituent l’édifice atomique. M. J.-J. Thomson[1] a étudié théoriquement les configurations stables que peuvent prendre des électrons négatifs en nombre déterminé, contenus à l’intérieur d’une sphère ayant une charge positive distribuée uniformément dans son volume et effectuant, autour du centre de la sphère, des mouvements de rotation uniforme dans un même plan ; ces électrons se trouvent distribués à intervalles réguliers sur des anneaux concentriques. La radiation émise par un semblable anneau est, toutes choses égales d’ailleurs, d’autant plus faible que le nombre des électrons est plus grand ; ce rayonnement serait nul si la charge négative des électrons était distribuée uniformément sur le pourtour de l’anneau. On conçoit ainsi que la perte d’énergie par radiation électromagnétique puisse être très variable d’un atome à un autre. Cependant cette perte d’énergie amène nécessairement une diminution plus ou moins rapide des vitesses de rotation et, comme la stabilité d’une certaine configuration n’est réalisée que pour des vitesses supérieures à une certaine vitesse critique, il en résulte qu’à un moment donné l’arrangement devient instable et doit se modifier brusquement. Une telle modification brusque correspondrait à la transformation de l’atome. Il resterait cependant nécessaire d’expliquer la différence des vies des atomes individuels et la loi exponentielle de destruction.

  1. J.-J. Thomson, Phil. Mag., 1904.