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passage au travers d’un tampon de coton ou par l’application d’un champ électrique intense. La courbe de désactivation après exposition courte pour un fil activé sous potentiel négatif élevé n’est pas exactement la même quand un champ fort a été établi dans l’enceinte avant l’exposition, et quand aucun champ n’a été établi immédiatement avant l’exposition[1] ; dans le premier cas le gaz de l’enceinte avait été purgé de dépôt actif par l’application du champ électrique qui entraîne ce dépôt vers l’électrode négative. Les courbes obtenues permettent de conclure que l’état dans lequel le dépôt actif arrive sur le corps activé peut dépendre du temps pendant lequel le dépôt actif a séjourné dans le gaz avant de se fixer sur le corps.

De même la courbe d’accroissement du courant dans un récipient dans lequel on vient d’admettre l’émanation, peut se montrer un peu différente, suivant que le gaz qui contient l’émanation contient du dépôt actif, ou qu’il en a été purgé avant l’admission. Tous les effets de ce genre sont d’autant plus appréciables que la concentration de l’émanation est plus forte, et ils s’exagèrent quand le gaz n’est pas exempt de poussières ; celles-ci servent en effet de centres pour le dépôt de la radioactivité induite et, venant se fixer sur les corps solides, occasionnent une perturbation dans le mode normal de l’activation, surtout quand on opère avec l’aide d’un champ électrique. L’emploi du champ pendant l’activation est donc plutôt à éviter quand il s’agit de construction de courbes normales.

Une différence réellement grande existe entre les courbes qui correspondent aux faces en regard de deux lames placées pendant l’activation horizontalement l’une en face de l’autre, dans une même enceinte où n’existe aucun champ électrique. Si la distance des lames est suffisante, la face qui regarde vers le haut reçoit le dépôt pesant, tandis que l’autre face ne le reçoit pas. La courbe de désactivation de la première face peut être obtenue par la superposition d’une courbe normale et d’une courbe relative à une activité également normale, mais qui aurait déjà évolué pendant son séjour dans le gaz avant d’avoir été déposée sur la lame.

Ainsi il n’est pas douteux que les gaz qui contiennent les éma-

  1. Schmidt, Phys. Zeit., 1908.