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tantes pour pouvoir subir l’action de la pesanteur. La relation qui existe entre l’activation et la distance libre n’est pas influencée d’une manière appréciable par la présence de petites quantités de vapeur d’eau dans l’air qui contient l’émanation.

La nature des particules soumises à l’action de la pesanteur peut se déduire de la comparaison des courbes de décroissance de l’activité pour des lames qui reçoivent le dépôt pesant et pour celles qui ne le reçoivent pas[1]. On trouve ainsi que ce dépôt se compose de radium B et de radium C en proportion variable ; le radium A n’est pas présent, ce qui indique que le temps nécessaire pour la production du dépôt est supérieur à la vie moyenne du radium A.

Il est également intéressant de se rendre compte si l’effet de la pesanteur s’épuise avec la distance des lames, ainsi que cela a lieu pour le phénomène de diffusion. Pour cela on détermine l’activité du dépôt pesant en fonction de l’espace libre au-dessus de la lame[2]. La loi de variation dépend de la proportion de vapeur d’eau dans le gaz ; on fait varier celle-ci en plaçant dans l’enceinte activante un mélange d’eau et d’acide sulfurique en proportion variable. Dans tous les cas, la quantité de dépôt pesant est sensiblement nulle pour les petites distances ; elle semble devenir appréciable quand la distance devient voisine de la valeur limite qui intervient dans le phénomène de diffusion, et continue ensuite à croître. Si le gaz est très peu humide, l’activité tend aussi vers une valeur limite qui est atteinte à une distance d’autant plus grande que la proportion de vapeur d’eau est plus forte. Pour un degré d’humidité suffisamment élevé, l’activité croît jusqu’aux plus grandes distances observées sans aucune indication de limite.

Ces faits peuvent s’interpréter en admettant que la grosseur des particules agglomérées et leur vitesse de chute augmentent avec le degré d’humidité du gaz. Les particules actives formées à une certaine distance de la lame ne pourront augmenter l’activité de celle-ci, que si elles peuvent l’atteindre avant d’avoir éprouvé la destruction spontanée.

  1. Wertenstein, Comptes rendus, 1909.
  2. Loc. cit.