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employés pour filtrer l’air était formé par du coton de verre bien tassé sur une longueur de 130cm. Cependant le phénomène n’a été ni supprimé, ni notablement modifié, les diverses expériences étant effectuées avec la même concentration de l’émanation dans la cloche.

On constate, au contraire, que la présence de la vapeur d’eau est nécessaire pour la production du phénomène. Quand l’air dans la cloche est parfaitement desséché, le phénomène ne se produit plus ou sensiblement plus. On obtient des résultats analogues en produisant l’activation dans du gaz carbonique pur ou dans l’hydrogène pur. Le phénomène ne se produit pas dans ces gaz quand ils sont secs, mais il se produit dans le gaz carbonique humide. Pour la production du phénomène, il n’est pas nécessaire que la vapeur d’eau dans la cloche soit saturante. L’importance du phénomène croît avec la concentration de l’émanation et avec la distance des lames ; pour des distances faibles (2mm) le phénomène ne se produit pas ; il a été généralement observé avec une distance des lames de 1cm à 3cm, mais il n’était pas sensible quand la concentration en émanation était trop faible.

Quand on opère avec la même concentration de l’émanation, la même distance des lames et le même gaz, l’activité acquise par toutes les lames est la même, si le phénomène de chute est supprimé. Mais, quand ce phénomène se produit, l’activité des lames regardant le haut est augmentée et celle des lames regardant le bas diminuée par rapport à la valeur qui aurait été obtenue en l’absence du phénomène, montrant ainsi que la source de l’activité acquise par les lames est dans le gaz qui les sépare, et que l’une d’elles ne peut augmenter d’activité qu’aux dépens de l’autre.

Quand un champ électrique intense est établi entre des lames horizontales placées l’une en face de l’autre, le phénomène de chute est masqué. La lame chargée négativement est alors toujours beaucoup plus active que celle chargée positivement, et cela est vrai aussi bien pour les faces qui regardent vers le haut que pour celles qui regardent vers le bas.

L’agglomération du dépôt actif contenu dans le gaz est donc liée à la présence de la vapeur d’eau. Toutefois il n’en est ainsi qu’en ce qui concerne la formation d’agglomérations assez impor-