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avaient verticales (fig. 88). Pour chaque couple, les faces en regard pouvaient seules s’activer, les faces extérieures étant protégées par des lames métalliques qui les recouvraient au contact. L’émanation était fournie en quantité connue par une solution de 0g,05 de chlorure de radium ; on la laissait séjourner dans la cloche pendant 2 ou 3 jours, ensuite on la chassait, et l’on étudiait en fonction du temps l’intensité du rayonnement des faces actives des diverses lames. Les courbes de décroissance de cette activité, obtenues par des mesures croisées, permettent de déterminer par interpolation l’activité des diverses lames au même instant le temps étant compté à partir du moment où toutes les lames ont été soustraites simultanément à l’action de l’émanation. Pour éviter l’effet des variations de température, on plaçait la cloche pour toute la durée de l’activation dans une boîte métallique remplie de coton et installée dans une cave.

On constate que toutes les lames verticales et toutes les lames horizontales regardant vers le bas ont, à surface égale, la même activité ; mais les lames horizontales tournées vers le haut ont une activité beaucoup plus grande (2 à 5 fois plus grande dans mes expériences). Tout se passe donc comme si la radioactivité induite suspendue dans le gaz qui baigne les lames se comportait comme une substance pesante et retombait vers le bas.

On a vu que la radioactivité induite se comporte comme une substance solide qui se forme à l’état de division extrême au sein du gaz qui contient l’émanation et qui se dépose soit par diffusion, soit par projection sur les parois solides voisines. On peut se demander comment cette matière est capable de former dans le gaz des agglomérations assez importantes pour acquérir la vitesse de chute, révélée par le phénomène qui vient d’être décrit.

On pouvait, en particulier, supposer que les centres d’agglomération sont les poussières en suspension dans le gaz. La présence du gaz est, en effet, indispensable ; le phénomène de chute ne se produit pas quand l’activation a lieu sous pression très réduite (2cm ou 3cm de mercure). On peut éliminer les poussières en faisant le vide dans la cloche et en laissant rentrer de l’air filtré : cette opération était répétée plusieurs fois ; l’un des tampons